Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/717

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
ECOLES DE COMMERCE
EN FRANCE ET A L'ETRANGER

La fondation d’écoles supérieures de commerce est sérieusement agitée en France depuis quelque temps. Mulhouse, que nous avons perdue avec l’Alsace, était rapidement devenue une de nos premières villes industrielles. On y avait fondé en 1866 une école de commerce sur le type de celles d’Amérique et d’Allemagne, et surtout de celle d’Anvers, dont la Belgique a le droit d’être fière. Deux négocians de Mulhouse, MM. Jacques et Jules Siegfried, qui avaient richement doté l’école de leur ville natale, ayant transporté récemment leur comptoir au Havre, n’ont pas tardé à provoquer dans cette dernière ville l’établissement d’une école sœur de celle de Mulhouse. Rouen a bien vite imité Le Havre ; Lyon, Marseille, ont spontanément suivi la même voie. Partout c’est l’initiative des citoyens qui a tout fait ; c’est par des souscriptions privées que la dotation de ces écoles a été constituée. Au Havre, à Rouen, on a réuni en quelques jours 250,000 fr., à Marseille plus de 500,000 fr., à Lyon on a dépassé 1 million. On voudrait dire ici en quoi ces institutions se distinguent de celles du même genre qui existent déjà et quel degré d’utilité immédiate elles présentent pour notre pays.

Un reproche qu’on fait volontiers aux Français et que Goethe a formulé d’une façon sévère, c’est d’ignorer la géographie. À cette ignorance, qui est traditionnelle, s’ajoute celle des langues étrangères. Ce manque de deux connaissances spéciales devenues si nécessaires aujourd’hui arrête surtout les développemens de notre commerce. Pendant que le globe, partout attaqué par la science,