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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/93

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comparaître, les légats déclarèrent que Dioscore, ci-devant évêque d’Alexandrie, s’était condamné lui-même aux peines portées par les canons, qu’il avait violés de tant de manières. « En conséquence, dirent-ils en terminant, le très saint archevêque Léon et l’apôtre Pierre, qui est la pierre fondamentale de l’église catholique et de la foi orthodoxe, par nous, les légats du siège apostolique, et par le présent concile, le dépouillent de sa dignité d’évêque et de tout ministère sacerdotal. »

Après ces discours par lesquels ils formulaient leur avis, les légats prièrent les membres du concile d’opiner l’un après l’autre. Le patriarche de Constantinople, Anatolius, commença, comme le premier de l’Orient, et dit que, « suivant en tout les sentimens de Rome, il condamnait Dioscore à la déposition; » le patriarche d’Antioche en fit autant, « parce que l’accusé avait désobéi aux sommations du concile, » et ce fut la formule qu’employèrent presque tous les Orientaux. Quelques-uns ajoutèrent aux motifs tirés de la contumace « qu’il avait faussement condamné le martyr Flavien et amené sa mort, » sur quoi Sabbas, évêque de Palthes, l’appela un nouveau Gain. Beaucoup s’en référèrent dans leur vote à l’opinion du siège apostolique et à celle de l’archevêque Anatolius, quelques-uns au sentiment qu’ils voyaient régner dans l’assemblée. Le prêtre Bonifacius dit qu’il le condamnait en vertu de la définition de l’église romaine. Il y eut un évêque qui opina et souscrivit en persan.

La condamnation ainsi prononcée verbalement, puis confirmée par écrit, le concile la fit signifier au condamné et aussi à Charmosynus, prêtre et économe, à Euthalius, archidiacre, et à d’autres clercs d’Alexandrie qui se trouvaient à Chalcédoine, les avertissant de mettre sous le séquestre les biens de leur église jusqu’à l’installation d’un autre archevêque. La sentence fut rendue publique par une affiche adressée à tout le peuple de Constantinople et de Chalcédoine, déclarant qu’il ne devait rester à Dioscore aucune espérance d’être jamais rétabli, quoi qu’il en pût dire, car l’ancien patriarche, aussi insolent après qu’avant sa déposition, affirmait à tout venant qu’il se souciait peu du concile, dont la sentence ne l’empêcherait pas de reprendre bientôt son trône patriarcal et son trou- peau. Pour faire taire ce bruit, qui commençait à courir et pouvait agiter l’Egypte, l’empereur Marcien se hâta de faire conduire le condamné à Gangres, en Paphlagonie, qu’il lui assigna pour lieu d’exil.

L’accusateur, Eusèbe, avait eu satisfaction sur le point principal; son rétablissement dans son évêché de Dorylée ne pouvait souffrir de difficultés après ce résultat, et quant à la cassation des actes d’Ephèse, qui ne pouvait plus laisser de doute, elle fut réservée