inutile, dangereuse, plus faite pour fomenter des divisions que pour les éteindre. On avait vu les évêques s’entendre à peine pour anathématiser dans le même sens Nestorius ou Eutychès, que serait-ce lorsqu’ils devraient fixer les termes d’un symbole qui ne parût incliner ni vers l’une ni vers l’autre des doctrines condamnées? L’arme habituelle de la majorité contrariée dans ses sentimens était de crier à l’hérésie; or ce cri effrayait les membres de la minorité : nul ne savait, au milieu des passions effervescentes, si son opinion mal comprise ne le provoquerait pas, et nul ne voulait s’y exposer, car l’accusation d’hérésie, c’était souvent la déposition et l’exil. Trop d’exemples justifiaient ces craintes, et on avait entendu, lors de la première action, Basile de Séleucie s’exprimer ainsi dans le concile: « Nous craignions l’accusation d’hérésie, de peur de perdre ceux que nous avions baptisés. «Ces argumens, tirés des besoins actuels, pouvaient ne point toucher l’empereur, qui ne considérait que l’utilité générale, absolue; ils n’en étaient pas moins déterminans aux yeux des évêques.
Les légats, qui formaient un troisième pouvoir dans l’assemblée, grâce à la convention passée entre le pape et l’empereur, partageaient comme évêques les doutes de leurs collègues sur l’opportunité d’une définition; comme représentans de l’église romains, ils la repoussaient formellement. A quoi boa des nouveautés périlleuses lorsqu’on avait, pour les circonstances présentes, la lettre du pape Léon à Flavien, qui résumait si heureusement la doctrine orthodoxe sur l’incarnation? Souscrite déjà par beaucoup d’évêques, n’offrait-elle pas la meilleure exposition dogmatique que le concile pût sanctionner? Elle avait en outre l’avantage de couper court à ces discussions impies, de qui le même pape avait dit que « leur impudence seule était un scandale. » Il était sage de s’en tenir là, d’autant plus, pensaient-ils, qu’on ne s’entendrait jamais. Cette opinion était corroborée chez les légats par le désir naturel de voir une exposition de foi partie de l’église romaine acceptée par un concile œcuménique d’Orient. La majeure partie des évêques se ralliait à leur proposition, moitié par l’estime que la lettre elle-même leur inspirait, moitié par la satisfaction d’éloigner d’eux la responsabilité d’une œuvre nouvelle.
Telle était la disposition des esprits dans le concile lorsque les magistrats qui présidaient ouvrirent la séance. Après un résumé de ce qui s’était passé dans la deuxième action, « les cinq jours affectés à la préparation d’un projet de définition sont écoulés, dirent-ils, que les évêques veuillent bien dire ce qui a été décidé sur la foi. » Paschasinus alors se leva, et, au nom des légats qui siégeaient en tête des évêques, prononça ces paroles : « Le concile de Nicée