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nions, républicains fédéraux, républicains unitaires, radicaux avancés, partisans du prince don Alphonse avec la régence du duc de Montpensier, partisans de l’infant sans la régence, carlistes, absolutistes et le reste. Qu’est-il sorti du scrutin ? Le gouvernement a été battu dans quelques grandes villes, à Madrid surtout ; il a triomphé dans d’autres villes, dans beaucoup de districts mieux garantis contre les propagandes ou plus faciles à manier, et au demeurant, sur près de quatre cents élections il se croit en possession d’une armée parlementaire qui compterait de 220 à 250 soldats. La coalition, de son côté, reviendrait à la chambre avec un contingent que les uns évaluent à 120, les autres à 150 voix. Le gouvernement resterait donc en définitive maître du terrain avec la majorité. Seulement i ! ne faut pas trop s’y méprendre, la situation n’est pas sensiblement changée, parce que, si la coalition est incohérente, la phalange gouvernementale ne l’est pas moins. Un fait qui pourrait cependant ressembler à un signe plus favorable, c’est que dans cette confusion la fraction la plus modérée, représentée par des hommes comme le général Serrano, l’amiral Topete, M. Rios-Rosas, cette fraction est en sensible progrès.

Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que, pendant qu’on bataillait autour du scrutin et que la garde civile était employée par le ministère à manipuler les élections, un train de chemin de fer a été arrêté et dévalisé dans la Manche, près de Manzanarès, par une bande de voleurs. Ces citoyens, peu inquiets de voter pour M. Zorrilla ou pour M. Sagasta, ont fait tranquillement leur besogne, puis ils se sont retirés, emportant leur butin, chevauchant en paix vers la montagne comme aux beaux temps de José-Maria ! Qui donc avait assuré que le pittoresque allait disparaître de l’Espagne avec les chemins de fer ? Maintenant que les élections sont passées, les gendarmes espagnols vont sans doute pouvoir reprendre leur œuvre de sécurité, et ce sera encore leur plus utile occupation, dût le pittoresque en souffrir.

CH. DE MAZADE.


ESSAIS ET NOTICES.
Etude sur la condition forestière de l’Orléanais au moyen âge et à la renaissance, par René de Maulde ; 1871.

Depuis quelques années, l’histoire du moyen âge a été étudiée sous toutes ses faces ; non-seulement l’histoire militaire, mais encore et surtout ce qu’on peut appeler l’histoire économique de la France. Parmi les études de ce genre, une des plus intéressantes est celle qui a trait à l’état des campagnes, aux travaux agricoles et forestiers, sur lesquels nous possédons dans nos dépôts d’archives de si précieux et de si nombreux documens. M. René de Maulde a su en tirer un excellent parti : son ouvrage est rempli de recherches intéressantes, de textes inédits,