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l’existence de l’ancienne église catholique d’Utrecht avec sa hiérarchie épiscopale régulière et légataire canonique de tous les pouvoirs inhérens à l’épiscopat. Lui contester la légitimité de son épiscopat uniquement parce qu’elle n’est pas reconnue au Vatican, ce serait faire profession pure et simple d’ultramontanisme, et par conséquent, résoudre la question elle-même. C’est pour cela que les anciens-catholiques des Pays-Bas et les catholiques opposés aux décrets du dernier concile n’ont pas tardé à se rapprocher et à faire cause commune. Dès que le mouvement des anciens-catholiques se fut prononcé, en Allemagne, l’église d’Utrecht comprit qu’elle avait vis-à-vis d’elle-même et de la catholicité tout entière des obligations de premier ordre. L’archevêque Loos se mit en rapport avec les principaux, organes de la protestation allemande. Lorsque le congrès ancien-catholique de 1871 fut convoqué, à Munich, l’église épiscopale de Hollande se fit représenter dans ses rangs par trois délégués, MM. van Vlooten, van Beek et van Thiel. Ce dernier parlait assez bien l’allemand pour faire devant l’assemblée un exposé éloquent et lucide du passé de son église et de sa signification présente. Sa parole fut saluée par d’unanimes applaudissemens et pour la première fois depuis cent cinquante ans une nombreuse réunion de prêtres, de théologiens, de notables catholiques, rendit un éclatant hommage au bon droit de l’église, excommuniée. Parmi les résolutions votées par le congrès se trouve celle-ci ; « nous déclarons que le reproche de jansénisme fait à l’église d’Utrecht n’est pas fondé, et qu’en, conséquence il n’y a pas de différence dogmatique entre, elle et nous. »

Cette déclaration du congrès de Munich, fait aux évêques anciens-catholiques de Hollande une position. très considérable. Si, d’après un calcul récent et très circonspect, on évalue à 300,000 le. nombre des catholiques allemands et autrichiens qui ont adhéré aux protestations soulevées par les décrets du Vatican, l’archevêque Loos est le premier dignitaire, ecclésiastique de l’association, et son diocèse, est redevenu en fait aussi important par le nombre des âmes que l’était celui de son prédécesseur Codde, lorsqu’il fut supprimé par le pape. Il n’est donc pas surprenant que les relations inaugurées l’an dernier à Munich commencent à porter leurs fruits. Ainsi le curé Benftle, de Mering en Bavière, suivi dans sa résistance par sa paroisse entière, a demandé à l’archevêque d’Utrecht de venir avec les saintes huiles pour administrer le sacrement de la confirmation, Le curé Aloysius Anton, de Vienne, qui a organisé toute une communauté ancienne-catholique, lui a fait parvenir une requête toute semblable, et de plus lui propose de consacrer trois évêques. D’autre demandes du même genre vont lui arriver