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plus solide. » Les deux consciencieux auteurs développent ensuite avec grand sens tous les argumens que nous avons déjà présentés, ensemble de vérités banales et de principes évidens qu’on rougirait presque d’écrire, tant ils paraissent des axiomes, mais qui, toujours méconnus dans la pratique, doivent être sans relâche répétés.

Les efforts des particuliers et des sociétés libres sont venus s’ajouter à ceux du gouvernement en Angleterre pour le développement de l’instruction pratique des femmes. On connaît l’Association pour l’avancement des sciences sociales, institution puissante qui longtemps fut dirigée par lord Brougham, et qui tient tous les ans ses assises dans les premières villes du royaume, Birmingham, Edimbourg, Dublin, Liverpool. La question de l’éducation et de l’emploi industriel des femmes fut souvent traitée dans ces congrès ; mais l’Association des sciences sociales a exercé une action plus directe sur le sort des ouvrières en suscitant à côté d’elle et sous sa protection des sociétés privées ayant pour objet d’ouvrir aux femmes des carrières nouvelles. Parmi ces sociétés, les unes se préoccupent surtout du sort des femmes de la classe moyenne (societies for promoting the employment of educated women), les autres ont principalement en vue l’amélioration du sort des ouvrières proprement dites (societies for promoting the industrial employment of women). Ce ne sont pas là de simples comités de patronage ; leur but est plus noble et plus général : ces associations se proposent de relever la condition de la femme dans le royaume-uni en étendant les débouchés ouverts à son travail. Elles ont trois moyens d’action : elles font faire aux jeunes filles l’apprentissage de métiers lucratifs, elles se mettent pour elles à la recherche de places ou d’ouvrages, enfin elles s’efforcent d’agir sur l’esprit public par la presse et les conférences, et de combattre les préjugés populaires dont les femmes ont à souffrir. Déjà des résultats ont été obtenus. La peinture à l’huile et à l’aquarelle, sur verre ou sur porcelaine, la gravure sur bois, la lithographie, bien d’autres menues occupations où l’art tient une place notable, ont été, grâce à ces sociétés, abordées par les jeunes ouvrières. On a vu dans ces tâches aisées de jeunes filles gagner 5 ou 6 francs par jour, quelquefois davantage. Les occupations plus grossières, mais d’un champ plus étendu, ont aussi été l’objet de l’attention de ces sociétés initiatrices. C’est à ouvrir aux femmes la carrière commerciale qu’elles ont déployé le plus d’ardeur : faire de leurs protégées des secrétaires, des comptables, des teneurs. de livres, c’est là un des buts de leurs efforts. Elles voudraient même envahir les études des gens de loi et confier à des femmes le soin de rédiger les écritures d’avoué, de notaire, d’huissier. Lord Brougham a déclaré qu’il n’y avait aucune raison