Poète américain
WALT WHITMAN.
« N’avez-vous pas, disait dernièrement un critique anglais, n’avez-vous pas entendu parler de la musique de l’avenir ? n’avez-vous pas entendu la musique elle-même ? Ce n’est plus une chose promise, c’est un fait accompli, du moins les fondations seules sont déjà proclamées par certains prophètes supérieures aux plus hauts sommets qu’aient atteints ces talens médiocres du passé : Mozart, Haendel, Beethoven ! Il en est de même de la poésie de l’avenir : ses chants sont annoncés, et le premier chanteur se tient là parmi nous. À la vérité il n’est que le précurseur d’une longue série de poètes futurs, mais ceux-ci marcheront sur ses pas, comme Virgile sur ceux d’Homère, Dante sur ceux de Virgile, Milton sur ceux de Dante, et ainsi de suite, l’héritage sacré se transmettant de main en main… Le vieux monde est fini, mais Apollon a choisi les États-Unis pour refuge, et la pauvre petite fontaine d’Hippocrène vient d’être remplacée par les flots bruyans de l’intarissable Mississipi, l’Hélicon et le Parnasse ont abdiqué en faveur des Alleghanys et du soleil levant. » Le poète de l’avenir dont M. Austin annonce ainsi l’apparition avec une ironie attristée n’est point connu en France ; jusqu’en 1867, il ne l’était en Angleterre que par les sévères critiques de quelques journaux, échos fidèles d’une bonne partie de la presse américaine, et les citations produites à l’appui