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aussi être provoqués par le vœu de la majorité des contribuables. Dans les villes, ce sont en général les municipalités, town councils, qui se mirent à la tête du mouvement, et demandèrent au département de l’éducation, sorte de ministère de l’instruction publique, l’autorisation d’élire un school board. Dans les paroisses rurales, les formalités sont différentes et beaucoup plus compliquées. Une demande écrite et signée par cinquante contribuables est remise au clerc de l’union, qui, dans l’intervalle de quatorze jours, doit convoquer un meeting. L’heure, le lieu et l’objet de la réunion sont clairement indiqués une semaine à l’avance. Chaque contribuable est admis à délibérer et ne dispose que d’un vote. La question est nettement posée devant l’assemblée. Convient-il d’établir un school board dans la paroisse[1] ? Si personne ne réclame le scrutin et que la proposition ne soit point combattue, le président la déclare adoptée. Dans le cas au contraire où le scrutin est demandé par dix contribuables, le clerc fixe l’époque du vote qui doit avoir lieu dans un délai de dix jours au moins. Chaque votant écrit alors oui ou non sur un bulletin qu’il dépose dans l’urne. Deux personnes favorables à la résolution et deux autres d’un avis contraire doivent assister au dépouillement du scrutin, dont le résultat est ensuite proclamé par le clerc. N’était que le mot rappelle de sombres et pénibles souvenirs, on pourrait dire que c’est le plébiscite appliqué à une question de gouvernement local.

L’élection des school boards est précédée d’une notice indiquant le jour, le lieu et les conditions du scrutin. Le nombre des membres à élire varie selon l’importance de la localité ; il est déterminé par l’avis du département de l’éducation et flotte entre cinq et quinze, jamais moins, jamais plus. Toute personne, homme ou femme, peut se porter candidat ; il lui suffit pour cela d’envoyer à l’officier chargé des élections, returning officer, son nom, son adresse, et de se faire appuyer dans les villes par deux bourgeois, burghesses[2], dans les campagnes par deux contribuables ayant droit de voter. Acte lui est donné de sa nomination, c’est le terme dont se servent les Anglais. Une liste des candidats est alors publiée dans les divers journaux de l’endroit. Arrive-t-il par hasard que le nombre des aspirans

  1. Ce terme ne correspond point à une division ecclésiastique du sol ; est considérée comme paroisse en Angleterre, parish, toute localité dans laquelle est établie une taxe distincte et séparée pour les pauvres, poor rate.
  2. La loi considère comme bourgeois toute personne âgée de vingt et un ans, ayant demeuré un an dans la ville à partir du mois de juillet, ayant occupé un logement, un magasin, un comptoir ou une boutique et ayant acquitté la taxe des pauvres.