Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 103.djvu/374

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une entre la station de Chiada, sur le chemin de fer de dom Pedro II et Saint-Jean Népomucène, — une autre entre Parahyba de Norte et Alagoa-la-Grande, — et une troisième, de Contila à Miranda, qui doit unir la province de Matto-Grosso et celle de Para à la mer. On étudie les plans relatifs à une ligne de voies ferrées qui uniraient le chemin de dom Pedro II, par lequel est desservie la province de Rio-Janeiro, au fleuve Tocantin, dont l’embouchure est voisine de celle de l’Amazone. L’une de ces voies ferrées suivrait le cours du Paraopeba et du San-Francisco jusqu’à la chute du Pirapera, au-delà de laquelle ce grand fleuve devient navigable; l’autre joindrait le San-Francisco au Tocantin, et l’on aurait ainsi établi une communication rapide entre la capitale et l’extrême nord du Brésil. Enfin les administrations provinciales travaillent également à créer des chemins de fer locaux. Ce sont là d’utiles entreprises qu’on ne saurait trop encourager.

La question de la colonisation ne préoccupe pas moins les esprits. On se demande pourquoi le Brésil, avec ses immenses territoires, ses zones si variées, son sol si riche, n’attirerait pas des émigrans européens qui formeraient une population de paysans et de travailleurs. Le gouvernement, au lieu de faire venir comme autrefois des colons à ses frais, se décharge maintenant de ce soin sur des compagnies qui sont seules responsables vis-à-vis des émigrans; il s’est décidé en outre à vendre des terres à un prix très modique. Ces terres doivent être situées à 2 lieues au plus d’un chemin de fer ou d’une rivière navigable, et il est accordé à chaque émigrant un secours fixe et définitif, après l’épuisement duquel il n’a plus à compter que sur lui-même.

Ces problèmes d’économie politique s’imposent aux méditations de dom Pedro, qui, par son caractère, par ses antécédens, par l’expérience que lui ont donnée ses voyages, est en mesure de prendre l’initiative des réformes. C’est lui qui, depuis plus de vingt ans, a donné le signal de presque tous les progrès accomplis dans son empire. L’agression de Lopez l’a entraîné dans une guerre qu’il ne désirait pas, et qui a été pour le Brésil, comme pour les autres belligérans, la source de sacrifices dont nul n’aurait osé prévoir soit l’étendue, soit la durée. Aujourd’hui les choses rentrent dans leur cours normal, et dom Pedro reprend le caractère que les circonstances lui avaient enlevé pendant cinq ans, celui de souverain pacifique.


III.

Si le Brésil lui-même doit désirer la paix, les républiques de la Plata en ont peut-être plus besoin encore. Le Paraguay, eût-il des