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la partie centrale de Fayal. Là en effet se trouve le point médian et pour ainsi dire l’ombilic du système éruptif de l’île. De quelque côté que l’on s’avance vers ce centre, il faut gravir des pentes prononcées, et, quand on atteint la cime, on se trouve sur le rebord d’une caldeira aussi remarquable par sa régularité que par sa profondeur. Cette caldeira est un vaste gouffre circulaire de 2 kilomètres de diamètre. La crête qui l’environne est en moyenne à 1,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le point culminant qui occupe la partie ouest du contour est à une altitude de 1,022 mètres, et le fond se trouve à 400 mètres au-dessous. De tous côtés, la paroi intérieure est presque à pic. À l’ouest et au sud, d’imposantes masses de laves trachytiques s’y montrent divisées en prismes verticaux de couleur grisâtre ; en d’autres points, des bancs de laves bleuâtres s’allongent au milieu de détritus volcaniques scoriacés ou ponceux.

Des sources limpides jaillissent de toutes parts. L’eau dégoutte de roche en roche, se réunit en filets minces, qui plus bas se convertissent en cascades retentissantes. Un bel euphorbe arborescent (euphorbia mellifera) pousse dans les ravins à côté des rameaux largement étalés des genévriers. Partout où les racines des plantes peuvent s’enfoncer au milieu des matières désagrégées ou pénétrer dans les interstices des roches, se développe une vigoureuse végétation. Le faya, autrefois si commun dans l’île qu’il lui a donné son nom, pousse encore librement eu ce lieu, comme dans un dernier asile : des bruyères, des persea, des myrtiles et surtout des fougères se plaisent dans cet enfoncement, où ils trouvent un abri contre la violence des vents et contre les ardeurs du soleil, en même temps qu’un air constamment chargé d’humidité. Deux cônes de scories existent au fond de la caldeira ; l’un d’eux se montre encore à découvert, mais l’autre est tellement boisé qu’il semble n’être plus qu’un amas de verdure. La ponce qui recouvre l’extérieur de la montagne se laisse facilement entraîner par les eaux ; aussi a-t-elle été fortement ravinée par l’action des pluies. Les ver-sans du mont sont creusés de sillons allongés et profonds, qui s’écartent en divergeant comme les génératrices d’un cône. Entre ces creux sont restées des parties proéminentes, des espèces de côtes saillantes, garnies d’un lacis inextricable de bruyères et de buissons.

Au pied des monticules de l’intérieur de la caldeira s’étend un petit lac où abondent les cyprins. La présence de ce poisson, commun dans les eaux douces de la Chine, au fond d’un cratère volcanique des Açores ne peut guère s’expliquer que par une importation faite à. dessein. Beaucoup d’autres faits d’acclimatation d’espèces