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ture scoriacée de ces amas ne se voit que dans les coupes pratiquées pour le passage de la grande route transversale de l’île. Le principal de ces pics, l’un des plus curieux, est entaillé par une tranchée de 50 mètres de profondeur. Il est entièrement constitué de grains vitreux bruns ou noirâtres ayant à peu près la grosseur d’une noisette, employés avec avantage sous le nom de bagacine à l’empierrement des chemins.

A côté de ces appareils volcaniques, dont la surface est modifiée par les agens atmosphériques, se dressent trois cônes qui ont conservé leur couleur foncée et que la végétation ne revêt pas encore. Ce sont les foyers de la dernière grande éruption de Terceire. Ils ont été formés en 1761. La lave sortie du pied de ces cônes descendit lentement vers le nord, divisée en plusieurs bras, dont deux s’avancèrent jusqu’à la mer, où ils ont constitué un promontoire. Un village situé sur la côte se trouvait sur la voie des coulées ; champs, jardins, maisons, furent ensevelis. Depuis lors le village a été rebâti, des constructions se sont élevées sur le nouveau promontoire même, mais les laves de 1761 sont jusqu’à présent restées assez intactes pour qu’on n’ait pu songer à rendre à la culture l’espace qu’elles ont couvert. On ne tire guère parti de ce sol qu’en y plantant des figuiers, dont les racines vont chercher entre les roches les élémens nécessaires à leur nutrition. Les trois cratères de cette éruption sont complètement éteints. C’est à quelque distance vers le sud qu’il faut aller pour trouver des restes d’activité volcanique. Près du revers du Caldeiraõ, dans une petite dépression du sol que rien ne désigne de loin aux regards, s’étend un espace de quelques mètres carrés où se dégagent des gaz et de la vapeur d’eau à la température d’environ 90 degrés. L’acide carbonique sort en abondance des fissures du terrain, et l’hydrogène sulfuré, en arrivant à l’air, produit des dépôts cristallins de soufre qui ont fait donner à cette localité le nom de Furnas d’Enxofre (Etuves de soufre). Les roches du voisinage ont conservé la coloration et l’apparence qui les caractérisent d’ordinaire; mais, quand on les touche, on s’aperçoit qu’elles sont ramollies, et que le doigt s’enfonce facilement même dans celles qui semblent le moins modifiées. Cette altération profonde est due à l’action exercée par l’acide sulfurique qu’engendre l’hydrogène sulfuré des émanations en s’oxydant au contact de l’atmosphère.

L’ascension de la montagne de Santa-Barbara est assez rude du côté du plateau. Un sentier escarpé et mal tracé grimpe au milieu des broussailles jusqu’à la cime, et débouche sur une plate-forme dénudée, semée de fragmens d’obsidienne et de ponces. La partie méridionale du sommet est creusée d’une profonde caldeira