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à être résolue immédiatement. Il faut réparer les écoles qui tombent en ruine et les rendre habitables, il faut en construire de nouvelles, les outiller, les meubler, leur fournir les instrumens de travail sans lesquels toute institution est vaine. Pour doter la France des écoles dont elle a besoin, quelle somme est nécessaire ? 180 millions au moins. Or le ministère de l’instruction publique dispose aujourd’hui de 1,200,000 francs pour venir en aide aux communes qui font bâtir des maisons scolaires[1]. Si cet écart énorme n’est pas comblé d’ici à peu d’années par une subvention extraordinaire, c’est à désespérer de l’avenir. Il ne faut pas lésiner en présence d’un tel péril ; l’argent ainsi dépensé rapportera de gros intérêts qui, bien employés, formeront le capital intellectuel de la France.

En ce qui touche l’enseignement primaire, Paris ne grèvera en rien le budget de l’état. Notre grande ville, si injustement calomniée parfois, est une mère inépuisable pour ses enfans ; elle sait qu’elle a charge d’âmes, et, si elle suit l’impulsion qu’elle s’est donnée à elle-même, elle offrira un exemple admirable. Elle ne demande rien au gouvernement ; elle se suffit, et, pour qu’on puisse regagner le temps perdu, elle tient sa caisse toujours ouverte. Les instituteurs et les institutrices ont des émolumens qui leur permettent de vivre, les écoles sont très bien outillées, le service si important de l’inspection fonctionne sans relâche, et les desiderata que nous aurons à signaler tiennent à un ordre de choses imposé par la configuration même de Paris et par l’inégale répartition de sa population dans les différens quartiers. La gratuité dans nos établissemens scolaires est absolue et ne souffre point d’exception ; non-seulement on n’exige aucune rétribution pour l’enseignement, mais on fournit aux élèves le papier, l’encre, les plumes, les livres, les modèles d’écriture et de dessin, les cartes géographiques et tous les objets qui peuvent être utiles aux démonstrations des instituteurs. On ne saurait donner trop d’éloges au conseil municipal et lui témoigner trop de gratitude pour la largeur intelligente et libérale qu’il met à poursuivre la tâche entreprise. Il n’a rien refusé de ce qu’on lui a demandé, il a prévu les exigences avant qu’elles fussent formulées ; mais il convient de dire qu’il a trouvé à la tête de l’enseignement primaire de Paris un homme qui s’est consacré à cette œuvre avec une ardeur et un dévoûment sans bornes. En réunissant les ressources ordinaires et extraordinaires, municipales et départementales, votées pour l’enseignement et généreusement offertes par la ville, on arrive à la somme vraiment imposante de 30 millions ; cela suffit, il ne s’agit que de continuer[2].

  1. Le chiffre de 1,200,000 francs se rapporte à l’année 1872 ; le budget de 1873 a inscrit 1,700,000 francs pour cet article.
  2. La part du département est de 1,500,000 francs.