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des louchets et des pelles ; je n’en finirais pas, si je voulais énumérer tous les ustensiles qui font partie de ce qu’on appelle le mobilier scolaire. On peut apprécier l’activité de ce service : en 1872, on a livré aux écoles des tables-bancs représentant 16,149 places, 300 bureaux de maître, 300 bibliothèques, 325 tableaux noirs, 2,461 éponges à tableaux, 2,068 paires de rideaux ; pour le seul trimestre de janvier-avril 1873, je compte 98,754 volumes, 448,050 cahiers et 434,100 plumes de fer. Si les enfans de Paris ne s’instruisent pas, ils n’en accuseront pas leur outillage, car on ne le leur marchande guère.

Grâce aux ressources extraordinaires, on a déjà créé 22,000 places, je l’ai dit tout à l’heure ; mais le crédit n’est pas épuisé, et l’on va en avoir 23,000 autres en construisant de nouvelles écoles. Lorsque ce progrès sera réalisé, tous les enfans qui devraient fréquenter les classes trouveront-ils place sur les bancs de l’enseignement primaire ? — Non. — D’après une statistique faite en 1871, Paris possède 341 établissemens scolaires élémentaires, qui se subdivisent ainsi : 94 salles d’asile, dont 65 laïques et 29 congréganistes, — 123 écoles de garçons, dont 69 laïques et 54 congréganistes, — 124 écoles de filles, 65 laïques et 59 congréganistes ; ceux-ci sont donc en minorité, puisqu’ils ne dirigent que 142 établissemens, tandis que les laïques en possèdent 199. Ces 341 salles d’asile et écoles peuvent recevoir 89,012 élèves. Or le nombre des enfans en âge de fréquenter ces deux sortes d’établissemens est de 259,517[1]. La différence est notable, elle dépasse 170,000 ; mais, pour rester dans la vérité, il faut se hâter d’en déduire 102,500 enfans qui reçoivent l’instruction première dans leur famille ou dans les pensionnats, et 22,000 auxquels on a fait place dans les écoles publiques ; reste donc 46,000 enfans qui par suite de l’indifférence des parens ou du défaut de vacances dans les écoles échappent aux bienfaits de l’enseignement. Lorsqu’on aura mené à bonne fin les travaux qui doivent mettre 23,000 places au service des nouvelles générations, qu’on aura construit les 35 écoles ou groupes d’écoles projetées, nous nous trouverons en présence de 23,000 pauvres petits êtres qui ont besoin d’apprendre, et pour lesquels la ville ne se lassera pas de mettre en pratique la maxime divine : Sinile parvulos ad me ventre[2].

L’enseignement primaire distribué dans les salles d’asile et dans les écoles de Paris est excellent : il donne à l’enfant des notions

  1. Ces chiffres sont empruntés au dernier dénombrement général de la population fait en 1866.
  2. Voyez l’Instruction primaire à Paris et dans le département de la Seine (1871-1872). C’est la meilleure page de l’histoire de la ville de Paris.