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des insectes ; enfin en 1802, il délimita la classe des annélides, dont Cuvier venait de faire connaître l’organisation, et montra que les cirrhipèdes différaient des mollusques[1] et se rapprochaient des crustacés. Le premier aussi, il fit voir que les batraciens[2], quoique munis de pattes, sont beaucoup plus voisins des poissons que les serpens, qui en sont dépourvus. Toutes ces divisions, tous ces rapprochemens ont été sanctionnés par les zoologistes modernes, dont les travaux ont tant ajouté à la science des classifications.


V. — PHYSIOLOGIE PSYCHOLOGIQUE DE LAMARCK.

« Il n’y a nulle différence dans les lois physiques par lesquelles tous les corps qui existent se trouvent régis, mais il s’en trouve une considérable dans les circonstances où les lois agissent[3]. » En parlant ainsi, Lamarck définissait d’avance la physiologie moderne, dont les progrès incessans nous démontrent chaque jour l’identité des forces physiques avec les forces que l’on en distinguait autrefois sous le nom de vitales. Celles-ci ne sont que des forces physiques agissant au sein de l’organisme sous l’influence des agens extérieurs. Abordant le phénomène de la sensation, Lamarck, d’accord avec Condillac, reconnaît l’impression reçue comme cause excitatrice du mouvement, de la sensation et des idées, suivant la perfection du système nerveux de l’animal impressionné. Dans les animaux les plus inférieurs, doués d’un système nerveux rudimentaire, l’impression venant de l’extérieur se traduit par des mouvemens ; chez d’autres plus parfaits, elle produit en outre une sensation ; enfin chez les animaux supérieurs, doués d’une moelle épinière et d’un cerveau, la sensation perçue aboutit à la formation des idées, œuvre de l’intelligence. Lamarck, en admettant des mouvemens indépendans de la volonté, a entrevu les phénomènes connus aujourd’hui sous le nom d’actions réflexes et parfaitement expliqués par les connexions des nerfs entre eux. Ce sont des phénomènes où une impression extérieure se traduit par un mouvement ou un autre effet, sans intervention de la volonté. Telle est par exemple la marche, qui, une fois commencée, s’opère automatiquement et se continue quelquefois même dans le sommeil. Lamarck admettait également l’existence d’un fluide nerveux transmettant au cerveau les impressions du dehors, et les ordres de la volonté du cerveau aux différentes parties du corps soumises à son empire ; il avait prévu[4] la distinction des nerfs en nerfs du

  1. Tome Ier p. 179.
  2. Tome Ier p. 163.
  3. Tome II, p. 89.
  4. Tome II, p. 239.