Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pédagogique est ainsi un centre auquel aboutissent ces deux systèmes d’éducation. La plupart des élèves sont là ; pour leur propre compte ; d’autres y sont entretenues par les états provinciaux (zemstva) désireux de propager dans leurs gouvernemens les meilleures méthodes d’enseignement. Enfin, à leurs pèlerines blanches, on reconnaît les pensionnaires de la Société philanthropique de Saint-Pétersbourg.

On voit que la science pédagogique est prise au sérieux en Russie : de même qu’il y a des méthodes pour découvrir les vérités scientifiques, de même on croit qu’il existe une méthode pour les communiquer aux enfans. Grâce à ces cours, une jeune fille sortie à seize ou dix-sept ans d’un gymnase peut devenir à dix-huit ou dix-neuf ans une excellente maîtresse pour ce même gymnase. Malheureusement cette carrière s’est fort encombrée. Pour une seule place, il peut se présenter jusqu’à cent candidats ; de là cette tendance à donner aux maîtresses, à mérite égal, moitié moins qu’aux maîtres, tendance qui pourrait se justifier par le principe économique de l’offre et de la demande, mais non par les principes d’équité. Beaucoup de jeunes filles pauvres, après s’être imposé des privations pour subvenir pendant les deux années de cours pédagogiques à leur entretien et à la rétribution scolaire, arrivées à l’issue de leurs études, trouvent porte close au gymnase, dont l’enseignement était le but de leur vie. Alors elles sont obligées d’accepter dans des pensions particulières une situation inférieure, ou de se mettre en quête d’une position d’institutrice ou de gouvernante dans une famille. J’ai entendu déplorer qu’en donnant aux jeunes filles une instruction si perfectionnée on leur ménageât si peu de moyens d’en tirer profit. On craignait de n’aboutir, après tant de soins, qu’à former ainsi dans la société russe une sorte de prolétariat savant. On espère qu’avec le développement que prennent chaque jour les gymnases, on pourra utiliser un plus grand nombre de capacités ; le plus facile, en attendant, serait d’organiser des écoles préparatoires où l’on serait sûr d’avoir bientôt tous les jeunes enfans des deux capitales.

Les traitemens se composent, pour une partie des fonctionnaires, des appointemens proprement dits, de l’indemnité de logement quand l’administration ne loge pas les maîtres, et de quelques autres avantages. C’est ainsi que le natchalnik de Saint-Pétersbourg reçoit annuellement 2,668 roubles, — celui de Tsarskoe-Sélo, pour prendre un exemple en province, 896 roubles, — une inspectrice[1] de 750 à 1,080, — un inspecteur de 1,050 à 1,330, — une dame

  1. En outre elles sont logées aux frais de l’établissement dans les gymnases Marie, Kolomna, Alexandre, Litelnaïa, Vassili-Ostrof ; au gymnase Pierre, c’est du contraire l’inspecteur qui reçoit le logement.