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et la Grèce ; en troisième, l’histoire romaine, le moyen âge occidental jusqu’aux croisades, les premiers siècles de la Russie ; en seconde, l’histoire d’Occident jusqu’à la paix de Westphalie et l’histoire de Russie jusqu’à l’avènement des Romanof ; en première classe, l’histoire d’Occident jusqu’au traité de Paris en 1856 et celle de Russie jusqu’à l’époque actuelle. On voit que l’histoire contemporaine n’effarouche personne.

Ces programmes si étendus ne chargent pas trop les élèves. Les pédagogues russes se sont ingéniés à prévenir chez les enfans la satiété et la fatigue qu’entraîne la monotonie des occupations ; surtout ils n’ont pas voulu leur infliger ce traitement barbare que subissent tant de nos écolières françaises, et qui consiste à rester assises six ou sept heures par jour sur les bancs d’un pensionnat, tandis qu’on en consacre à peine trois ou quatre à un travail sérieux. Économiser la peine et le temps, telle est leur devise. L’écolière russe fait son entrée au gymnase à neuf heures du matin et en sort à deux heures et demie : total cinq heures et demie. Voici comme elles sont distribuées : il y a dans une journée cinq leçons d’un peu moins d’une heure chacune ; on a surtout évité qu’elles soient toutes employées à des exercices également absorbans. On consacre par exemple trois leçons à l’histoire, à la géographie ou à la physique, à l’arithmétique ou à la religion, au français, à l’allemand, etc. ; pendant les deux autres heures, on dessinera, on chantera, on fera de la couture, on dansera. Entre chaque leçon d’une heure, il y a quelques minutes de repos, le temps de faire un tour dans les corridors ou dans les salles de récréation, de rendre au sang sa circulation naturelle et de s’assurer qu’on n’a pas perdu l’habitude de rire et de babiller. Entre la troisième et la quatrième leçon, repos d’une demi-heure pour le déjeuner. A deux heures et demie, les enfans s’en vont à la maison paternelle, convenablement saturées de science, mais dans un bon équilibre de développement physique et intellectuel. L’esprit a eu son exercice ; les doigts et même les jambes ont eu le leur. Aussi retourne-t-on avec plaisir, au gymnase : les vestibules ou les corridors se trouvent encombrés d’écolières un grand quart d’heure avant l’ouverture des classes. Enfin il y a des vacances dans les mois les plus chauds du climat russe, du 15 juin au 7 août.

Il a fallu subir un examen pour entrer en septième ; pour passer ensuite d’une classe à une autre, il y a encore des examens très sévères. Les pédagogues des gymnases russes ne se soucient pas d’encombrer leurs classes d’élèves qui ne peuvent les suivre et qui abaissent le niveau des études. L’enfant qui ne satisfait pas à l’examen reste dans sa classe : elle y restera trois années de suite,