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L'ARCHEOLOGIE ET L'ART

I. Fouilles et découvertes, par M. Beulé, 2 vol. in-8o ; Paris 1873. — II. Exposition à l’École des Beaux-Arts des dessins de Léon Vaudoyer.

On sait quels progrès ont été accomplis de nos jours dans l’étude raisonnée, dans l’intelligence intime des œuvres de l’art ancien, et avec quel profit pour tout le monde ce qu’on pourrait appeler l’archéologie esthétique a remplacé la science sans portée philosophique, comme sans application immédiate, dont quelques initiés se contentaient autrefois d’échanger entre eux les témoignages. Le temps est loin déjà où les érudits n’interrogeaient guère les monumens antiques qu’afin d’en établir la date, d’en constater les caractères matériels, ou tout au plus d’en expliquer la destination primitive par des éclaircissemens historiques fort indépendantes questions de doctrine et d’art proprement dit. Le temps est bien passé aussi où le public se désintéressait de ces problèmes si maigrement posés, si sèchement résolus, où son indifférence s’étendait même aux objets mis en cause et punissait en quelque sorte l’antiquité tout entière des torts que s’étaient donnés ceux qui s’occupaient d’en inventorier les ruines au lieu d’en ressusciter l’esprit. Aujourd’hui l’opinion, à la fois mieux conseillée et plus active, n’a garde de se détourner d’études qui n’ont plus, Dieu merci, pour objet l’ordre purement chronologique ou la simple nomenclature des choses. Grâce à cette nouvelle école archéologique dont les travaux, à peu près contemporains des tableaux d’Ingres et des dessins de Duban, tendent, comme ces nobles œuvres, à nous révéler les grandeurs morales aussi bien que les coutumes extérieures de l’antiquité, celle-ci a cessé d’être pour nous une lettre morte et pour les savans eux-mêmes une énigme dont ils se croyaient seuls en droit de posséder la clé. Les défiances ou les préjugés ont été ainsi écartés de part et d’autre. Ceux qu’effarouchaient les