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des troupes européennes. Le meilleur rempart pour Khiva, c’est le désert qui l’entoure. Voilà le seul obstacle qui soit de nature à contrarier la marche de l’expédition russe, mais il est des plus sérieux.

Il ne saurait être question de rechercher sur la carte les routes militaires qui de la frontière russe aboutissent à Khiva ; il n’y a là que des traces de caravanes, dont les lignes indécises sont noyées à chaque saison sous la mer de sables. On peut seulement indiquer les principales directions entre lesquelles l’expédition devra faire son choix pour pénétrer à l’intérieur du pays. — De la rive gauche de l’Oxus aux rivages de la mer Caspienne, une route, ou du moins ce qu’on appelle une route, longue d’environ 100 milles, conduit d’un côté à Tach-Kale (la forteresse de pierre) ou au fort russe Alexandrovsk, et de l’autre, par Mangichlak, au promontoire de Karagan, sur la baie du même nom. Elle était anciennement fréquentée par les caravanes, mais elle paraît impraticable pour une armée. Il faut quelquefois franchir des étapes de trois journées de marche sans rencontrer d’eau potable ; en hiver, le froid est glacial, et la neige tombe abondamment ; pendant l’été, les chaleurs sont accablantes. — Une seconde route part de la station de Saraïtchik sur le cours inférieur de l’Oural. Ce fut celle que suivit au XVIIe siècle Hetman Netschay et dans laquelle s’engagea, en 1817, la malheureuse expédition de Bekovitch Tcherkafsy ; mesurant une longueur de 1,000 verstes environ, d’après les calculs de Venyukoff, elle commence dans les plaines basses de Sagich, se dirige en ligne diagonale vers le plateau d’Ust-Yort, par Barsa-Kilmez, le long de la côte occidentale du lac d’Aral, et aboutit à Kungrat. On ne trouve un peu d’herbe et d’eau salubre que sur un tiers de ce grand parcours. — Il y a une troisième route qui d’Orenbourg conduit également à Kungrat en passant par le fort Embinsk élevé en 1839 contre les invasions des tribus khiviennes et en contournant le lac Ay-Beugur. Elle a une longueur de 1,395 verstes, et, d’après les indications des itinéraires russes, l’eau et le fourrage y sont extrêmement rares. — Il existe enfin une quatrième route, d’Orsk à Kazalinsk (739 verstes) et de Kazalinsk à Khiva (770 verstes) ; la distance totale entre les deux points extrêmes est de 1,509 verstes. La première partie du parcours, fréquentée par. les tribus nomades et par les caravanes de la Boukharie, est relativement assez facile ; mais de Kazalinsk à Geurien, sur la frontière du khanat, ce n’est plus qu’un pays de steppes arides et sablonneuses. — Telles sont les routes dont le savant géographe Venyukoff a étudié les différentes directions.

Dans le cours de ces dernières années, le gouvernement russe a cherché à faire ouvrir une nouvelle voie du fort Perovsky à Khiva ; ce projet n’a pas eu de suite. Les mêmes obstacles se rencontrent sur d’autres points, notamment dans les steppes de Kizil-Koum et de Batkak-Koum qui séparent la Boukharie du Khokand, ainsi que dans les steppes hyrcaniennes. J’ai traversé ces diverses régions qui sont décrites dans la