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matière difficile. Il en était ainsi autrefois : la guerre a naturellement interrompu ce genre de service, qui était régulièrement fait ; pourquoi n’y pas revenir et ne pas nous mettre à même, par l’étude comparative des différens systèmes, d’améliorer les destinées intellectuelles et physiques de ces pauvres enfans ?

L’institution, telle qu’elle est organisée aujourd’hui, malgré son double caractère qui a quelque chose de déplaisant, est appelée à rendre de sérieux services aux jeunes infirmes qu’elle accueille, si l’on consent à l’outiller des livres et des modèles plastiques dont elle a impérieusement besoin ; mais il est bon que la leçon du passé profite, et qu’on ne rentre pas dans des erremens que la raison et l’expérience ont condamnés. Un programme limité aux notions de l’enseignement primaire doit suffire au plus grand nombre des écoliers, car ceux qui dénotent une intelligence supérieure trouveront toujours à compléter leurs études en suivant un cours supplémentaire. L’enseignement professionnel au contraire réclame les soins les plus attentifs ; il faut le développer, le surveiller, le fortifier, l’éclairer par la connaissance et l’exemple des hommes spéciaux ; il languit un peu à cette heure, il est confiné dans des corps de métiers trop peu nombreux, il ne pousse pas l’enfant dans des voies assez larges et ne cherche peut-être pas à faire naître des aptitudes qui s’ignorent. Il n’est pas aussi fécond que je voudrais, et ressemble trop à ce que l’on peut appeler « un acquit de conscience. » Il faut ne pas oublier que le but de l’institution n’est pas d’obtenir des tours de force propres à étonner des curieux réunis en séance solennelle ; l’objet qu’elle poursuit est meilleur et plus humain. Elle doit par l’enseignement scolaire éclairer des intelligences que la nature semblait avoir obscurcies, et former des ouvriers laborieux, adroits, qui puissent subvenir à leurs besoins et ne jamais tomber en charge à la charité publique.


MAXIME DU CAMP.