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été le précurseur de l’empire, le grand facteur du pangermanisme et de l’avènement de la force brutale contre le droit ? Nous ne le croyons point, car l’histoire du Zollverein, c’est l’histoire même des dissensions intestines de l’Allemagne depuis soixante ans, c’est le « fragment de miroir » où se reflètent toutes les jalousies, toutes les rivalités d’état à état que le régime féodal avait engendrées, et qui se réveilleront peut-être un jour plus profondes que jamais. Les conférences générales, au lieu de fournir aux gouvernemens une occasion favorable pour resserrer leurs liens naturels, devinrent une sorte de champ-clos où chacun donnait libre cours à ses récriminations. Les états du sud s’y montraient rarement en communion d’idées avec ceux du nord, et l’attitude de la Prusse en particulier avait le don de les irriter. Loin de préparer l’unité actuelle, — la seule peut-être qui ne fût point chimérique, — ces conférences devaient fatalement la rendre impossible. En un mot, l’empire allemand est issu en droite ligne du second empire français, qui employa son peu d’intelligence des choses politiques à favoriser l’agrandissement de la Prusse, quand il était incapable de-défendre contre elle notre propre territoire.

Après ces données sommaires sur l’ensemble des revenus indirects, nous pouvons aborder les points essentiels de la législation qui les concerne. La douane, par l’influence qu’elle peut exercer sur le commerce international, et par l’importance relative du produit qu’elle fournit, — 103 millions en 1873, — a sa place naturellement marquée au centre du système, et les membres du Zollverein l’ont toujours considérée comme la pierre angulaire de leurs budgets. L’ancien tarif comprenait, dans des proportions très différentes, des droits fiscaux et des droits protecteurs ; mais, bien que ces derniers eussent l’apparence de l’exception, ils apportaient à la recette un appoint considérable. La Prusse, à plusieurs reprises, proposa, au sein des conférences, de réformer ce tarif dans un sens libéral, mais le droit de veto accordé par les traités à chacune des puissances contractantes rendait l’entente impossible sur les questions de cet ordre. Cependant, à dater de 1864 et par suite du traité de commerce avec la France, on entre dans une voie nouvelle, et les membres de l’union, loin de poursuivre per fas et nefas un accroissement de revenu, font servir à de certaines modérations la plus-value des produits dans leur ensemble. Par la suppression d’un grand nombre d’articles peu importans, et par la réduction des taxes exorbitantes imposées aux produits fabriqués, le tarif acquit bientôt une remarquable simplicité en même temps qu’il perdait tout caractère prohibitif ou purement protecteur : Le chapitre le plus intéressant est celui des Material-und Spezerei- Waaren, qui