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LA
PRESSE ALLEMANDE EN 1873

Les journaux allemands sont trop peu lus en France : on en cite assez souvent des extraits ; mais ces traductions ne donnent au public qu’une idée fort inexacte et fort incomplète de l’esprit qui les anime. On n’y cherche en général qu’un aliment à la polémique, et il est aisé de recueillir des phrases blessantes pour notre dignité, des jugemens dont l’injustice nous révolte. Les Allemands, de leur côté, se plaignent beaucoup de la manière dont on les apprécie en France ; ils s’étonnent assez naïvement de l’hostilité qui les poursuit, ils en relèvent les témoignages et signalent avec soin les erreurs que l’on commet en parlant d’eux. De pareils sentimens sont de part et d’autre trop naturels pour que l’on s’arrête à ces critiques. Il y a pour nous une tâche plus utile à remplir. Au lieu de rassembler des argumens pour une discussion fâcheuse, car elle est superficielle et inopportune, puisqu’elle ne peut conduire à aucun résultat pratique, cherchons des avertissemens et des leçons. Sous l’un et l’autre rapport, une lecture attentive des journaux allemands peut être très profitable. Cette lecture n’est pas divertissante, elle est souvent pénible pour un Français ; mais elle est instructive. Nous voudrions le montrer ici par quelques exemples, nous les demanderons aux circonstances présentes, aux articles publiés depuis le commencement de l’année 1873.

Les Allemands s’occupaient beaucoup de nous avant la guerre ; ils s’en occupent encore davantage aujourd’hui. Rien de ce qui s’écrit chez nous à leur sujet ne leur échappe. M. Rudolph Gottschall a consacré, par exemple, trois grands articles du recueil qu’il dirige à la critique des essais publiés dans la Revue de 1870 à 1872 sur les affaires allemandes. La Gazette d’Augsbourg donne