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plans ultramontains, » mais ce despotisme a peu de chances de se rétablir. Toutes les craintes se concentrent sur une restauration de la monarchie légitime. Les journaux allemands suivent pas à pas les faits et gestes des conservateurs monarchiques. Il n’y a guère de gazette qui n’entretienne ses lecteurs de « la fusion ; » on s’acharne sur ce fantôme. Lorsqu’on parle de M. le comte de Chambord, c’est sur le ton de nos feuilles radicales. « Le comte de Chambord, disait la Gazette de Cologne, n’est que l’homme de paille des papistes,… une machine de guerre dans la grande bataille que le jésuitisme engage contre l’avenir de l’Europe… Les purs légitimistes, ceux qui dirigent le comte de Chambord, considèrent la France comme la terre promise de l’ultramontanisme…. » — « Les partisans du drapeau blanc ont un but qu’ils poursuivent avec fermeté, la restauration de la monarchie et de la hiérarchie sur la base du Syllabus, la transformation de la France en une sorte de Paraguay européen. Pour les légitimistes, c’est une affaire de fanatisme religieux ; on est pour la restauration parce qu’on est pour le pape : on veut faire des Français un peuple élu de Dieu. »

Une aversion commune pour les nobles, les prêtres et le pape explique jusqu’à un certain point les tendances de quelques journalistes allemands vers le radicalisme parisien. Ces tendances viennent encore de se déclarer à propos des débats sur la commune de Lyon et des négociations de la commission des trente avec la présidence. La Gazette d’Augsbourg elle-même prend le parti des démagogues lyonnais contre la commission d’enquête. « Si folle qu’ait pu être l’administration de Lyon, écrivait la plus modérée des gazettes allemandes, le patriotisme de la population et de ses administrateurs doit être respecté par tout Français pour lequel le patriotisme n’est pas un motif de haine nationale, comme c’est le cas de la coalition monarchique et cléricale. » La plupart des journaux allemands tiennent pour la république contre la monarchie, pour M. Thiers contre la droite de l’assemblée, pour la gauche de l’assemblée contre M. Thiers. Selon l’Unsere Zeit, M. Thiers a pour lui la logique des faits lorsqu’il déclare que la république est de première nécessité pour les Français ; les partis n’ont rien à lui opposer, ils ne sont unis que par des idées négatives. La Gazette de Spener est du même avis. « L’opinion de ceux qui connaissent le mieux M. Thiers et les Français est que la victoire demeurera au régime établi et à la présidence républicaine. Pour l’étranger désintéressé, cette conclusion paraît désirable dans l’intérêt de la France, bien que, si la haine de ce pays ne fait pas applaudir à ce qui lui arrive de mal, on regrette aussi de voir le salut d’une nation puissante dépendre des caprices d’une seule personne, dont les