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UN
ROMAN POLITIQUE
EN ALLEMAGNE

Um Scepter und Kronen (Pour le sceptre et la couronne), von Smarow, 8 vol. ; Stuttgart 1872.

Le temps est loin où Henri Heine, en commençant une de ces œuvres exquises qui jaillissaient de sa plume toutes empreintes de grâce, de malice et de finesse, se trouvait obligé de dire en guise de préface : « Ne crains rien, lecteur allemand ; il ne s’agit point ici de politique, il s’agit de philosophie, — c’est ce que tu aimes. Il est réellement très-politique de ta part de ne vouloir pas entendre parler de politique, car tu n’apprendrais que des choses désagréables ou humiliantes. Mes amis avaient bien raison d’être dépités contre moi parce que ces dernières années je ne me suis guère occupé que de politique, et j’ai même publié des écrits politiques. Il est vrai, disent-ils, que nous ne les lisons pas ; mais que de semblables choses soient imprimées en Allemagne, dans le pays de la philosophie et de la poésie, cela suffit déjà pour nous rendre inquiets. Puisque tu ne veux plus rêver avec nous, au moins ne nous éveille pas de notre doux sommeil. » Ces temps sont loin : la littérature allemande s’est attachée au front une cocarde officielle dès le lendemain de la victoire ; il n’y a plus, MM. Strauss, Geibel, Redwitz et tant d’autres l’ont prouvé, que des philosophes et des poètes de l’empire. Voici venir maintenant le romancier de l’empire, romancier ou historien ? Quel nom donner à ce Samarow dont on parle en Allemagne pour la première fois ? Et d’abord qu’est-ce que ce Samarow ? C’est encore un secret, un de ces secrets mal