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tion première qui fait tout l’homme, M. Saint-Marc Girardin appartient essentiellement à la monarchie constitutionnelle, et les derniers événemens l’avaient frappé non-seulement en attristant son patriotisme, mais encore en ouvrant devant lui une carrière où il voyait la France en péril, où il se sentait lui-même dépaysé ; jusque dans ces épreuves qui devaient précéder de si peu sa mort, il gardait cependant la fermeté d’un esprit clairvoyant fait pour être un conseiller avisé et utile.

ch. de mazade.

ESSAIS ET NOTICES.

Situation des Alsaciens-Lorrains en Algérie,
Rapport de M. Guynemer, adressé à la Société de protection.

Au 1er mars 1873, le nombre des Alsaciens-Lorrains débarqués en Algérie s’élevait à 3,261. L’installation des immigrans, qui au début avait rencontré des difficultés sérieuses, se fait aujourd’hui dans d’assez bonnes conditions. Le gouvernement dispose à cette heure, dans les trois provinces d’Oran, d’Alger et de Constantine, de 200,000 hectares prêts à être distribués aux colons qui voudront s’y établir ; ce sont en partie des terres domaniales (azels, autrefois loués et dont l’état a repris possession), en partie des terres séquestrées à la suite de l’insurrection de 1871, ou bien acquises par voie d’échange ou d’achat. Aujourd’hui toutes les familles arrivées depuis 1871 ont été mises en possession de leurs terres. Celles qui disposaient d’un petit capital ont reçu des concessions en toute propriété ; les autres, celles qui étaient sans ressources, et elles forment la grande majorité, ont reçu les terres au titre 2 c’est-à-dire avec condition de résidence : ce n’est qu’au bout de neuf ans que la toute-propriété leur appartiendra, mais aucune autre condition que celle de la résidence ne leur est imposée. La contenance des lots est en moyenne de 25 ou 30, au maximum de 50 hectares. L’état ne donne de terres qu’aux familles, les célibataires n’en reçoivent que par exception.

Les villages où les Alsaciens-Lorrains ont été placés sont disséminés sur toute l’étendue de la colonie. Il eût peut-être mieux valu les rapprocher les uns des autres dans une région convenablement choisie, soit sur les hauts plateaux de la province de Constantine, soit dans le voisinage de la Kabylie ou du chemin de fer d’Oran ; mais on n’a pas eu le choix dans les premiers momens, il a fallu prendre les terres qui devenaient disponibles un peu partout. À l’avenir, on pourra procéder à la création des centres nouveaux d’après un plan plus rationnel, et surtout éviter les régions encore dépourvues de routes. En somme,