rendre quelques services ; de nos jours elle représente l’obscurantisme. Il faut en triompher à tout prix, d’autant plus qu’en réalité elle est l’alliée naturelle de l’ennemi héréditaire. L’état a le devoir de se défendre contre elle, il n’a que faire des clés du ciel. La religion lui est parfaitement inutile : il n’est pas vrai qu’elle fortifie la morale ; on ne saurait le soutenir après la triste palinodie des évêques allemands au lendemain du concile. Que l’état ne songe donc qu’à se défendre. Sans doute il doit respecter la foi individuelle, voire l’église locale ; les associations, surtout celles qui s’appuient sur la hiérarchie, n’ont aucun droit. Ce qui importe dans les circonstances actuelles, c’est d’affranchir l’état et de le rendre omnipotent contre elle. » Admirable libéralisme qui prend en pitié ce pauvre état prussien armé jusqu’aux dents, avec ses caporaux et ses forteresses, et qui demande qu’on l’affranchisse de ces gênes misérables qui s’appellent la liberté des cultes et le droit des minorités !
Le parti catholique s’est défendu de son mieux. Il aurait eu le beau rôle, si on ne s’était souvenu de ses principes, qui accordent à l’église tout ce que le gouvernement prussien réclame en faveur de l’état pour écraser les résistances de la conscience. Un de ses membres a même été assez franc pour faire l’apologie du Syllabus en plein parlement. Il a évidemment contrarié la tactique de ses amis politiques, qui ont multiplié les plus belles déclarations en l’honneur de la liberté religieuse. En entendant ses principaux orateurs, on se rappelait ce mot de l’Écriture : « eh quoi ? Saül est-il avec les prophètes ? « Il est aussi étonnant de voir des ultramontains champions des libertés civiles et religieuses qu’il l’était de rencontrer le rude soldat d’Israël prononçant de saints oracles. On ne saurait nier que M. Windthorst n’ait défendu son parti avec un rare talent qui n’a rien de clérical dans la forme, car il brille par l’ironie incisive et le feu oratoire : il rappelle par quelques côtés l’éloquence enflammée et sarcastique de Montalembert. Il ne s’est pas privé de flageller le libéralisme apostat de la gauche. Réfutant l’argument si dangereux tiré de l’alliance des catholiques avec l’étranger, M. Windthorst le retourne contre ses adversaires, il a essayé d’établir que la politique nouvelle de la Prusse a pour origine ses relations avec l’Italie ; à l’entendre, l’Italie est le Méphisto du Faust allemand, et le mène à sa perdition. L’orateur a résumé son discours par ces mots hardis : « avec cette législation artificieuse, vous voulez consommer le meurtre de l’église, non par le fer, mais par l’empoisonnement lent. » Il n’a point hésité à déclarer que pour lui et ses amis il demandait le libre régime américain. Il est étrange de retrouver dans une bouche ultramontaine la fameuse devise de