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offensives, par lesquelles le 13e corps était chargé de contenir l’ennemi sur le front sud.

Ce que le 13e corps faisait au sud, le 14e corps était chargé de le faire de son côté à l’ouest de Paris. A peine arrivé à ce quartier-général de la porte Maillot, d’où il suivait de l’œil la ligne assez étendue qu’il avait à garder de Billancourt à Saint-Ouen, Ducrot mettait la plus énergique activité à organiser la défense, et surtout il se hâtait de se reporter en avant au-delà de la Seine. Il disposait du dernier pont demeuré intact, celui de Neuilly, et sur la rive gauche de la Seine il pouvait trouver une certaine liberté de mouvemens sous la puissante protection du Mont-Valérien, qui était de force à se faire respecter des Prussiens. Le général Ducrot avait la vive préoccupation de son œuvre militaire ; il devait songer avant tout à instruire ses troupes, à les exercer, à les faire manœuvrer, et il n’y manquait pas. Un officier allemand des divisions que nous avions alors devant nous l’a dit : « Il était intéressant d’observer les exercices et les petites guerres que l’ennemi faisait exécuter à ses jeunes troupes pour les former. Cela se pratiquait en grand et en petit, souvent même dans la ligne des avant-postes… » La première instruction, c’était encore de conduire ces jeunes soldats au feu ; mais on ne pouvait agir à la légère. On avait devant soi ce massif boisé et accidenté qui de Bougival à Meudon forme comme une épaisse barrière entre Paris et Versailles, ces coteaux charmans et devenus redoutables depuis qu’un ennemi énergique s’y était retranché, faisant des villas, des parcs autant de postes fortifiés. Dans ce massif campait le Ve corps prussien, von Kirchbach, avec la 9e et la 10e division tenant cette ligne de hauteurs ou de vallées entre le parc de Saint-Cloud et la Seine à l’extrémité de Bougival, occupant Ville-d’Avray, Garches, Villeneuve-l’Étang, Vaucresson, s’avançant jusqu’à Buzenval, Saint-Cucufa, La Jonchère, La Malmaison. Aborder ces positions déjà mises en état de défense par les Allemands n’était pas facile. Malgré tout, le général Ducrot n’était pas homme à rester inactif. Dès les premiers jours, il avait repris possession du rond-point de Courbevoie, où il avait établi une batterie. Il excitait l’ardeur et l’émulation de ses soldats par des entreprises incessantes vers Suresnes, Montretout et Saint-Cloud, vers La Fouilleuse, près de Buzenval, surtout dans la direction de Rueil, et même dans la plaine de Gennevilliers, jusqu’en face de Bezons et d’Argenteuil. Il faisait des reconnaissances assez fortes et assez avant pour rencontrer l’ennemi, pour l’atteindre dans ses postes. C’est ainsi que le 8 octobre le général Martenot s’avançait avec 600 hommes pour fouiller les abords de Bougival et pour canonner les versans inclinant vers la Seine.