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LA FRANCE DU NORD

LA PICARDIE.

II.[1]
LA VALLEE DE LA SOMME, ABBEVILLE, SAINT-RIQUIER ET LA GUERRE DANS LE NORD.


{{c|I. — LE BASSIN DE LA SOMME PENDANT L’INVASION — L’ÉLEMENT CIVIL ET RADICAL DANS LES OPERATIONS MILITAIRES.

Au mois de juillet 1869, j’avais pris le train de Paris à la station d’Abbeville. Un officier belge vint s’asseoir près de moi, dans le même wagon, et la conversation ne tarda point à s’engager. «Est-il vrai, monsieur, me demanda-t-il, que votre gouvernement a l’intention de déclasser quatre-vingt-quinze forteresses, et qu’Abbeville est du nombre? — On le dit, monsieur, et si cette mesure s’exécute, elle sera certainement accueillie partout avec une vive satisfaction. » Mon compagnon de voyage resta tout surpris. « Cela vous étonne, lui dis-je; mais aujourd’hui, chez nous, personne ne croit plus à la possibilité de la guerre. Dans les livres, dans les journaux, à la tribune, les armées permanentes sont l’objet des plus vives attaques. On signe dans toutes les places fortes des pétitions pour demander le déclassement, et les députés s’empressent de les appuyer, parce qu’il faut suivre le courant de l’opinion, afin de se ménager les voix des électeurs. Il en est de même des conseils

  1. Voyez la Revue du 1er juillet.