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LA FRANCE DU NORD

LA PICARDIE.

I.
LA COTE ET SES ASPECTS,

L’ENSABLEMENT DES PORTS, UN CHATEAU DE LA FÉODALITÉ

ET LES RUINES DE L’INVASION.

On nous a souvent reproché de ne point connaître les peuples qui nous avoisinent ; ne pourrait-on pas avec autant et plus de raison peut-être nous reprocher de ne pas nous connaître nous-mêmes ? L’histoire de nos villes a été l’objet de nombreuses études, mais l’érudition localisée borne ses perspectives les plus lointaines aux limites de la préfecture, et le seul pays de l’Europe où les Français ne voyagent pas pour observer et pour s’instruire, c’est la France. Sauf les personnes que des affaires de commerce, des relations de famille, des déplacemens administratifs, les bains de mer ou les eaux font circuler d’une frontière à l’autre, il en est bien peu qui montent en wagon dans le seul dessein d’étudier nos antiquités nationales, notre industrie, notre agriculture, les incomparables ressources de notre sol ; on ne s’arrête guère que dans les grands centres, — et cependant que de choses à voir et à noter, même dans les plus obscurs villages ! Que de souvenirs intéressans pour l’histoire générale dans les petites villes, communes ou seigneuries des vieux temps, que les révolutions ont fait passer sous l’uniforme niveau de la sous-préfecture ou du chef-lieu du canton ! Que de trésors cachés dans les bibliothèques et les musées ! Les belles études de M. Émile Montégut sur la Bourgogne en sont la preuve ; elles