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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 106.djvu/899

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L'HEREDITE
AU POINT DE VUE PHYSIOLOGIQUE ET MORAL

I. L’Hérédité, étude psychologique, par M. Th. Ribot, 1878. — II. L’Hérédité, par le docteur Auguste Voisin, 1873. — III. Lois scientifiques du développement des nations, par M. Bagehot, 1873. — IV. Recherches sur les conditions anthropologiques de la production scientifique, par M. Th. Wechniakof, Paris et Moscou 1873. — V. Histoire de la science et des savans pendant les deux derniers siècles, par M. Alphonse de Camille, Genève 1872.

Il y a dans les sciences humaines bien des motifs de satisfaction et d’orgueil pour l’esprit, mais les raisons d’humilité et d’amertume n’y manquent pas non plus. En dépit des persévérans efforts et des longues pensées des légions d’investigateurs qui nous ont précédés, la nature a des abîmes noirs et profonds en face desquels toute clairvoyance devient de la cécité, toute hardiesse de la crainte, et toute confiance du découragement. Quand nous essayons de projeter quelque lumière à l’intérieur de ces gouffres mystérieux, cette lumière ne nous y fait apercevoir que les spectres de notre propre ignorance, et nous ne retirons de cette vaine tentative qu’un nouveau sentiment de notre impuissance et de notre misère. Il serait sage d’en retirer encore autre chose, je veux dire une leçon profitable. En effet, rien ne devrait rappeler à la modestie et à la patience, refroidir les ardeurs présomptueuses et confondre les audacieuses témérités comme l’étude de ces phénomènes que la Providence semble avoir établis tout exprès pour déconcerter la curiosité des hommes. Cependant beaucoup de ceux-ci feignent d’ignorer les ouvrages merveilleux et compliqués qui se réalisent dans les domaines inaccessibles à la vue et aux sens, et contestent obstinément l’existence des activités invisibles et des forces