Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 106.djvu/916

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’a pas cessé de dorer de ses rayons tes longs étés ; le marbre de Mendeli n’a rien perdu de son antique blancheur ; les arts, la gloire, la liberté passent, mais la nature reste belle ! »

On pourrait multiplier à l’infini ces oppositions historiques de l’immutabilité du déterminisme universel qui règne dans la nature avec le mouvement incessant de la liberté et de l’invention humaines, avec l’effort perpétuel de l’âme pour se dégager des étreintes de la fatalité. L’histoire n’est pas autre chose que le récit de ce que ce mouvement et ces efforts ont produit dans les siècles. C’est un long drame où le bon génie de la liberté dispute l’empire au mauvais génie de la force brutale, où, sous l’œil et avec l’aide de Dieu, se gagne lentement et péniblement la victoire de l’esprit, qui cherche, découvre, invente, crée, aime, adore.


III

Dans la première partie de cette étude, nous avons établi l’existence des faits d’hérédité, et montré quel rôle ils jouent dans la répétition indéfinie des caractères physiologiques et psychologiques de l’homme. Dans la seconde, nous avons signalé et examiné les causes qui agissent contrairement aux impulsions plus ou moins tyranniques de la nature et aux nécessités du mécanisme. Il convient maintenant de donner des conclusions pratiques touchant l’emploi qu’on peut faire de ces connaissances pour le perfectionnement de la race.

Les héroïques combattans d’Homère invoquaient le nom de leurs pères, celui de leurs aïeux et le sang généreux qu’ils en avaient reçu. C’était d’un noble instinct, et les hommes qui peuvent se vanter à bon droit de leurs aïeux auront toujours beaucoup de chances pour mériter aussi la reconnaissance de leurs enfans. Les phénomènes d’hérédité autorisent en effet à croire que des parens bien constitués de corps et d’esprit sont dans les meilleures conditions pour s’assurer une postérité qui leur ressemblera.

Comment donc s’y prendre pour réaliser des alliances heureuses, capables de donner lieu à des enfans remarquables sous le rapport du physique et du moral ? C’est là une question très délicate, on le conçoit, et à laquelle nous ne pouvons ici que répondre d’une façon très générale, en nous appuyant particulièrement sur un écrit encore médit de notre célèbre chirurgien M. Sédillot, qui emploie les loisirs, de son honorable retraite à des études sur le moyen de perfectionner la race. M. Sédillot pense d’abord qu’on peut obtenir d’excellens renseignemens sur la valeur d’un individu en consultant sa généalogie : l’histoire de ses ascendant pendant quatre ou cinq