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cillations verticales du corps. L’aspect des tracés ainsi obtenus démontre que le caractère essentiel de la course est un temps de suspension pendant lequel, entre deux appuis des pieds, le corps reste en l’air. Comment se produit cette suspension périodique? On pourrait croire d’abord que c’est l’effet d’une espèce de saut qui projette le corps de bas en haut pendant que les pieds se détachent du sol. Il n’en est rien : les ascensions verticales du corps coïncident avec les appuis, et il retombe pendant que les jambes quittent le sol. On retrouve ces phénomènes dans les allures hautes du cheval.

Parmi les caractères des diverses allures bipèdes ou quadrupèdes, l’un des plus frappans est le rhythme des appuis. Les battues sur le sol font entendre des bruits dont l’ordre de succession suffit à une oreille exercée pour reconnaître le pas, le trot, le galop. Il est facile de figurer ces rhythmes à l’aide d’une sorte de notation musicale qui marque la durée des appuis pour chaque pied aussi bien que la durée des temps de suspension. S’agit-il de l’homme, deux portées suffisent pour écrire cette musique si simple, où il n’y a que deux notes qui s’appellent pied gauche, pied droit, et qui sont séparées par des silences correspondant aux momens où le corps quitte le sol. La notation des allures du cheval exige quatre portées et quatre notes; c’est le mode de représentation imaginé au siècle dernier par Vincent et Goiffon pour rendre le rhythme des sabots qui frappent la terre en cadence :

Quadrupedante putrem sonitu quatit ungula campum.

Cette musique quadrupède est plus difficile à débrouiller; mais la clarté se fait lorsqu’on a recours à l’ingénieuse comparaison de Dugès, qui regarde le cheval comme formé de deux êtres bipèdes marchant l’un derrière l’autre. Tout le monde a vu au cirque ou dans une féerie ces simulacres d’animaux dont les jambes sont fournies par deux hommes dissimulés dans le corps de la bête. Cette imitation grotesque approche d’autant plus près de la vérité que les mouvemens des deux marcheurs sont mieux coordonnés. En effet, selon que ces derniers posent les pieds simultanément ou à contre-temps, ils reproduisent avec fidélité les allures si variées du cheval, l’amble, le pas relevé, le traquenard, le pas normal, le trot franc et le trot décousu, l’allure normande, le galop à deux, à trois, à quatre temps. Comme l’oreille est en général plus sensible au rhythme que l’œil, quelques expérimentateurs avaient déjà essayé d’observer les allures du cheval en attachant aux jambes de la bête quatre sonnettes de timbres différens. M. Marey les a étudiées à l’aide de quatre ampoules exploratrices fixées sous les sabots et communiquant avec un enregistreur que le cavalier tient à la main,

La discussion des expériences qui ont été faites dans un manège à l’aide de ces appareils, et l’étude des pistes, conduisent à des résultats