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l’expression consacrée, qui renferment un ou plusieurs insectes très pareils au phylloxère des racines. Quelques jours plus tard, près de Bordeaux, un agronome instruit, M. Laliman, rencontre les mêmes galles en abondance, et tout aussitôt il se persuade que les habitans des feuilles et les habitans des racines ont une origine commune. Ces faits ne tardent pas à remettre en mémoire des observations dues à des savans étrangers. On reconnaît que le producteur des galles des feuilles de vigne a été décrit, dès l’année 1854, par un entomologiste de l’état de New-York chargé officiellement de l’étude des espèces nuisibles à la végétation, M. Asa Fitch[1]. On apprend qu’il a été observé en Angleterre par M. Westwood, qu’il a été vu de nouveau en Amérique par l’entomologiste de l’Illinois, M. Benjamin Walsh.

Les investigateurs s’accordent à signaler une surprenante irrégularité dans les apparitions du phylloxère des feuilles. Toutes les recherches depuis 1869 n’ont pu faire rencontrer de galles dans les départemens de la Drôme, de Vaucluse, du Gard, de l’Hérault, des Bouches-du-Rhône, où sur les racines le phylloxère se multiplie si rapidement. Dans la Gironde, les apparitions ont eu lieu chaque année, mais tour à tour, dit M. Laliman, sur différens cépages. Il y a un autre sujet d’étonnement : dans les localités où le phylloxère se montre sur les feuilles, il est rare sur les racines, et parfois il est impossible d’en découvrir un seul individu. A cet égard, les observateurs de France et des États-Unis d’Amérique apportent le même témoignage. Les galles se trouvent sur les sarmens de la vigne en quantité très variable ; souvent on en voit plusieurs centaines sous une feuille. Grosses comme de très petits pois, soyeuses à la surface, d’un joli vert passant au rouge vif, elles ont un aspect vraiment agréable à l’œil. Vers la fin de juin de l’année 1872, M. Laliman adressait à l’Académie des Sciences des rameaux remarquables par la profusion des galles dont ils étaient couverts.

L’identité du phylloxère des feuilles et du phylloxère des racines, qui a paru fort discutable, semble aujourd’hui aux naturalistes français ou américains ne plus pouvoir être mise en doute. Les jeunes sujets ont été jugés tout à fait semblables ; les femelles en état de pondre ont offert, à la vérité, quelques différences, mais elles sont expliquées par la condition de polymorphisme, c’est-à-dire de multiplicité de formes, qui a été constatée chez certaines espèces dont le genre de vie est variable. D’un autre côté, si l’on accorde une confiance absolue aux observations du docteur H. Schimer, les individus ailés des deux sortes de phylloxères ne sauraient être distingués par aucun caractère. Les auteurs qui

  1. Il a décrit l’insecte sous le nom de Pemphigus vitifoliœ.