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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/218

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dispersent et grossissent. On croit que tous les individus sont alors des femelles capables d’engendrer sans le secours d’aucun mâle ; la preuve n’est pas faite. Selon la plus grande probabilité, la croissance des phylloxéras est rapide, et de nombreuses générations se succèdent dans le cours d’une année : nulle expérience d’un caractère scientifique n’est venue à cet égard mettre en lumière la vérité ; l’accroissement prodigieux du nombre d’individus qu’on a observés sur des points déterminés et l’étonnante fécondité des kermès et des pucerons sont les seuls témoignages. Le phylloxère apte à la reproduction conserve la forme de larve ; l’analogie conduit à penser qu’il acquiert la faculté de pondre des œufs après avoir subi trois mues ; personne ne s’en est assuré en suivant chaque jour l’animal dans son développement.

Des individus éprouvant une nouvelle mue se montrent à l’état de nymphes pour devenir bientôt des insectes ailés ; aucune recherche n’est venue apprendre dans quelles conditions s’opère cette transformation. Les phylloxères, munis d’organes de vol et ainsi vraiment adultes, sont rencontrés pendant la saison chaude, mais tout se borne à une remarque générale et à un examen des caractères zoologiques ; on n’est pas arrivé à reconnaître la part des individus dans la propagation de l’espèce, ni même à savoir où les femelles, qu’on déclare peu fécondes, opèrent le dépôt de leurs œufs. Comme les phylloxères ailés, vus en plein jour, manifestaient peu de disposition à s’envoler, on a supposé que seul le vent peut les répandre au loin, et pourtant il est rapporté dans une foule d’ouvrages que beaucoup d’insectes des mieux doués pour la locomotion aérienne, inactifs quand luit le soleil, s’agitent aux heures du soir, que beaucoup d’entre eux ne sauraient s’élever et franchir l’espace avant de s’être gonflés d’air. Les phylloxères privés d’ailes, surtout les jeunes, cheminent avec une grande facilité. Le propriétaire qui le mieux sut défendre son domaine contre les redoutables insectes, M. Louis Faucon, de Gravéson, en compagnie de quelques personnes, a vu, au mois d’août de 1872 et dès le mois de juin de cette année, de nombreux individus courir sur le sol et disparaître successivement dans les interstices du terrain ; une pareille observation a fait naître l’espoir que l’être malfaisant, si ses excursions sont fréquentes ou régulières, pourrait être attaqué dans des circonstances favorables. D’autre part, les études et les expériences de MM. Planchon et Lichtenstein ne permettent pas de douter que les phylloxères voyagent le plus ordinairement sous terre, et de la sorte se disséminent dans le champ. Il reste à ce sujet des recherches à poursuivre avec une attention soutenue et une patience extrême. Les relations des phylloxères des feuilles et des phylloxères des racines demeurent jusqu’ici absolument incertaines. L’origine