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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/220

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le liquide dans la mesure convenable pour leur alimentation. Dès que la sève est à peu près épuisée, ils abandonnent au plus vite le végétal qui désormais ne pourrait les nourrir, et ils vont se fixer sur un autre arbuste, sur une autre herbe dont l’état est florissant. Les phylloxères se comportent assurément de la même manière que les pucerons et les kermès.

A chaque instant, on est surpris de voir avec quelle facilité une conclusion peut être tirée de faits dont le caractère n’est pas déterminé. En général, toute coïncidence est regardée par les agriculteurs comme une cause et un effet. Si une vigne a reçu un engrais qui n’a pas été donné à une autre vigne, et que les dégâts du phylloxère ne soient pas également répartis, — l’uniformité n’est guère de ce monde, — sans examen tout s’explique par l’action du fumier. C’est avec le même esprit que tour à tour le froid et la chaleur, la sécheresse et l’humidité sont dénoncés comme la cause de l’apparition des bêtes malfaisantes. Il est démontré que le phylloxère est venu des États-Unis, néanmoins des propriétaires cultivent de préférence des vignes d’origine américaine, et, comme en certains endroits ces vignes ont été épargnées ou médiocrement maltraitées, c’est assez pour qu’on recommande d’introduire les cépages d’Amérique en affirmant qu’ils résistent aux atteintes de l’insecte destructeur.

Le phylloxère étant signalé comme l’unique cause des désastres, beaucoup de propriétaires ont admis ou reconnu la vérité du fait, alors ils n’ont eu d’autre souci que de trouver une substance qui tuerait l’insecte sans nuire à la plante. En même temps, des personnes en assez grand nombre, peut-être séduites par l’importance des prix proposas pour « un remède efficace. contre le phylloxère, » ont mis un vif empressement à recommander l’emploi d’une infinité d’agens chimiques. Les essais ont été très multipliés, mais jusqu’ici le succès a peu répondu à des espérances hautement manifestées. Plusieurs agriculteurs se sont passionnés pour l’acide phénique ; ils assurent en avoir obtenu quelques bons effets ; cependant il paraît avéré que cet acide mélangé à l’eau dans une proportion déterminée n’a détruit l’insecte dans aucun vignoble. Le coaltar, l’huile de pétrole, et surtout l’huile de cade, ont été essayés ; on ne prouve pas qu’il en soit résulté d’avantages bien sérieux. Les expériences faites avec la cendre, la chaux vive, l’acide arsénieux, l’acide arsénique, le soufre, l’acide sulfureux, n’ont pas été encourageantes. Les sels de fer se sont montrés inertes, les sels de cuivre funestes à la plante. MM. Planchon et Lichtenstein, deux savans qui presque toujours de concert poursuivent des recherches sur la maladie de la vigne depuis le commencement de l’invasion, accordent une valeur au polysulfure de calcium ; cette valeur est demeurée tout à fait