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Seigneur Dieu vous accompagne ; qu’il daigne, dans sa grâce, rapprocher un jour nos chemins ; que sa paix vous garde, vous environne et vous bénisse jusqu’à l’heure du revoir ! C’est l’adieu de votre ami éternellement fidèle

« FREDERIC-GUILLAUME. »


Qui donc avait obligé Frédéric-Guillaume IV à accepter la démission de M. de Radowitz, puisqu’il se déclarait si complètement d’accord avec lui ? Ce fut le ministère et particulièrement le chef du cabinet, M. le comte de Brandenbourg, cousin du roi, qui présidait le conseil depuis le 8 novembre 1848. Le comte de Brandenbourg s’était rendu aux conférences de Varsovie, il y avait vu le prince de Schwarzenberg, qui accompagnait l’empereur d’Autriche, et, tandis que M. de Radowitz, resté à Berlin, se préparait à la guerre, il avait offert toutes les concessions possibles en vue de maintenir la paix.

Voilà donc M. de Radowitz sacrifié au désir de s’arranger avec l’Autriche, quoi qu’il puisse en coûter à l’honneur de la Prusse. C’est une nouvelle victoire du prince de Schwarzenberg. Cependant le temps presse, chaque minute peut amener un conflit : les troupes prussiennes d’un côté, de l’autre les armées bavaroise et autrichienne, sont déjà face à face dans les plaines de la Hesse. Le jour même où M. de Radowitz a quitté le pouvoir, M. de Manteuffel, son successeur et l’un des principaux adversaires de sa politique, a écrit au prince de Schwarzenberg que le gouvernement prussien ne s’opposait pas à l’exécution des décisions de la diète dans l’électorat de Hesse. C’était, à peu de chose près, la reconnaissance de la diète restaurée et l’abandon de l’union restreinte. En même temps le général de Grœben reçoit l’ordre d’éviter le moindre conflit avec les troupes fédérales. Le 5 novembre, l’armée prussienne et l’armée bavaroise s’étant rencontrées à Fliedern, les Prussiens rétrogradèrent. M. de Manteuffel croyait qu’après cette dépêche du 3 novembre et les ordres qui l’avaient suivie M. de Schwarzenberg, satisfait de ce changement de politique, accueillerait le nouveau ministre à bras ouverts. Qu’est-ce donc que l’Autriche pouvait désirer de plus, à moins qu’elle ne prétendît mettre la Prusse à ses pieds ? M. de Manteuffel n’avait-il pas désarmé les colères du prince de Schwarzenberg ? Mais rien ne désarmait ce terrible lutteur. Voyant la Prusse reculer, il pense que le retard prolongé de sa réponse accroîtra encore le désarroi du cabinet prussien. La dépêche de M. de Manteuffel était partie de Berlin le 3 novembre, et on comptait sur une réponse pour le lendemain ; le 6, on n’avait rien reçu. M. de Schwarzenberg n’avait pas eu tort de prévoir ce que d’autres ont nommé plus tard le moment psychologique. Le ministère prussien se demandait avec