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d’hui. On n’a rien trouvé qui ressemblât à un four ou à cette cloche de terre cuite que les femmes grecques de nos jours font chauffer et dont elles recouvrent le gâteau qui doit cuire sur l’âtre ; il est donc probable que les hommes d’alors ne connaissaient pas ce que nous appelons le pain, et qu’ils employaient la farine d’une autre manière que nous.

Les poids, les pesons et les broyeurs forment une classe nombreuse dans la collection d’Hissarlik. Ce sont des cailloux roulés, choisis dans le lit des rivières et généralement en granit. Les poids sont presque sphériques et conformes à la numération décimale. Les pesons, qui servaient sans doute aux tisserands et peut-être aux pêcheurs[1], sont des cailloux ronds, plats et percés d’un trou. Les broyeurs sont cylindriques ou coniques, arrondis par la nature, et presque tous sont usés et polis à leur partie inférieure par suite de l’usage qui en a été fait.

À côté des instrumens de pierre se placent naturellement ceux d’os ou de métal. Les haches et les ciseaux de cuivre n’atteignent pas en nombre ceux de pierre. Ils sont plus allongés, moins obtus, et vont en pointe du côté opposé au tranchant ; ils ne diffèrent pas notablement de ceux qui ont été trouvés dans l’occident de l’Europe et qui ornent la plupart des musées préhistoriques. Quelques-uns ont pu servir à des usages militaires, mais beaucoup aussi semblent des outils d’ouvrier. À côté d’eux sont des lames de couteau également en cuivre, une hachette longue à douille centrale et dont les tranchans sont l’un vertical, l’autre horizontal, enfin certaines faucilles dentelées, une serpette et un couteau de cuivre doré, objets dont l’usage n’avait rien de militaire, quoiqu’ils se soient trouvés avec des lances, des haches de guerre et des poignards. La plupart des instrumens de cuivre faisaient partie de ce groupe qui fut trouvé sur le bastion, et auquel, pour le distinguer du reste, on a donné le nom de trésor. Plusieurs d’entre eux étaient réunis et comme soudés ensemble par l’action du feu. Là aussi s’est trouvé un bouclier circulaire en cuivre, disposé de manière à contenir des peaux superposées, comme les boucliers des héros troyens.

Les ustensiles destinés au travail des métaux ne forment pas la partie la moins curieuse de cette section. Les creusets ont la forme de coupelles, de nacelles ou d’entonnoirs ; ils sont en terre grise, façonnés à la main et très épais ; un d’entre eux contient encore du cuivre incrusté dans sa pâte. Il y en a de très petits pour la fonte des métaux précieux. Les moules sont en micaschiste et parfois assez épais pour avoir des entailles sur leurs six faces ; ces creux

  1. Dans la quatrième couche, on a trouve un hameçon de cuivre pareil aux nôtres.