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LES


PAPIERS DE LA COMMUNE




I. Le Fond de la Société sous la commune, par M. Dauban, 1873. — II. Enquête législative sur l’insurrection du 18 mars, 3 vol. in-8o, 1872. — III. Les Clubs rouges, par M. de Molinari, 1871.





La commune continue sa propagande à l’étranger, où s’abritent prudemment, mais non sans rester inactifs, ceux de ses chefs qui ont échappé aux conséquences de la défaite. Il ne leur suffit pas de prendre part à des congrès où sont déroulés les programmes de la révolution sociale, de lancer des manifestes qui permettent de juger de l’avenir qu’ils nous préparent. À les en croire, c’est au nom d’idées pures que le sang a coulé ; ils invoquent la théorie du progrès. Des récits affectant une couleur dramatique, des épisodes parfois émouvans, où, par un travestissement perpétuel des intentions et des actes, les insurgés ont presque constamment le beau rôle, tandis que nos soldats sont traités de démons de l’assassinat, d’affreux incendiaires, de misérables et de scélérats, à cela se réduisent ces plaidoyers, qui font prendre à l’histoire, à une histoire qui date d’hier à peine, un caractère déjà légendaire : légende militaire autant que civile avec M. Lissagaray, l’auteur des huit Journées de mai derrière les barricades, qui s’imagine raconter la sublime et terrible défense de Saragosse ; légende à quelques égards philosophique et humanitaire avec M. Malon, l’auteur de la troisième Défaite du prolétariat français. Sous la plume des panégyristes, tout est justifié, sinon glorifié dans les horribles excès qui marquèrent la fin de la lutte. Les assassinats, les incendies, ne les embarrassent guère. Pour les plus modérés des apologistes, c’est le coup de désespoir de l’insurrection, l’improvisation d’une vengeance suprême ; pour les autres, qui sont à la fois les plus nombreux et presque toujours les plus considérables du parti, un air de gran-