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LES DÉCOUVERTES
DE
L’ÉGYPTOLOGIE FRANÇAISE

LES MISSIONS ET LES TRAVAUX DE M. MARIETTE.

Les travaux de M. Auguste Mariette sont de deux sortes : ses fouilles et ses publications. Il y a près de dix ans, M.. Ernest Renan a tracé ici même une rapide esquisse des premiers résultats obtenus alors[1]. L’instant est venu de faire connaître dans leur ensemble ceux qu’ont produits vingt-trois années de recherches et d’études en Égypte. Les plus récentes surtout marquent un progrès considérable dans la science, et le titre principal du savant archéologue est moins peut-être la découverte du Sérapéum, qui date de 1851, que la révélation du vrai sens religieux des temples.

On comprendrait mal l’étendue et l’importance des fouilles de M. Mariette, si l’on ne se rendait compte des secours exceptionnels dont il a disposé. Le vice-roi est le seul souverain qui puisse mettre de pareilles ressources au service des savans. Nous ne sommes plus au temps où les dominateurs turcs étonnaient le monde par la sauvage grandeur de leurs guerres, et conservaient dans les pays soumis par leurs armes, avec les habitudes des camps, le redoutable appareil des conquérans. Les descendans de Méhémet-Ali ont contracté, sur la vieille terre d’Égypte, des habitudes plus pacifiques et plus douces, et les deux derniers khédives surtout n’ont eu garde d’oublier qu’ils gouvernaient le pays des Pharaons et des Ptolémées. Ismaïl-Pacha a fait plus encore que ses devanciers pour ho-

  1. Voyez la Revue du 1er avril 1865.