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le plus bref délai en donner avis à la mairie de l’arrondissement que le défunt habitait. Un « mandat de visite » est immédiatement adressé à l’un des médecins vérificateurs des décès; celui-ci se rend au domicile indiqué et s’assure par lui-même que la personne désignée est morte. Il laisse alors entre les mains des parens ou des ayant-droit un certificat dont la formule imprimée a tout prévu; lorsque les blancs sont remplis, on peut y lire les nom et prénoms du décédé, son âge, son lieu de naissance, le jour et l’heure du décès, son adresse, l’étage de son appartement, et à quel point cardinal celui-ci était exposé; on y voit en outre de quelle maladie il était atteint, quel est le médecin qui l’a soigné, chez quel pharmacien les médicamens ont été pris; de plus, si le logement était insalubre, on doit l’indiquer; en un mot, c’est un véritable rapport d’enquête si ingénieusement disposé qu’il tient sur le verso d’une seule feuille de papier. Ces renseignemens sont extrêmement utiles : ils permettent de rédiger un bulletin statistique des plus intéressans et de remonter, en cas de besoin, à des responsabilités qu’il est bon de connaître. Ce certificat est apporté par deux témoins à l’employé de l’état civil qui, en leur présence, libelle l’acte de décès qu’il leur fait signer.

La mairie délivre alors le mandat d’inhumation, dernière formalité qui clôt toutes celles dont on a fait autant de garanties pour notre sécurité. Par ce mandat, l’ordonnateur municipal des pompes funèbres particulier de l’arrondissement reçoit ordre de faire transporter et inhumer le corps au cimetière désigné, à jour et à heure déterminés. C’est ici que s’arrête l’action de l’état civil. Il a recueilli et précieusement conservé les documens qui assurent à l’individu les prérogatives dont on jouit dans les sociétés civilisées; ces documens, il les communiquera aux enfans, aux arrière-petits-enfans de ceux qui ont été, et de cette façon il maintiendra intacts les droits de la famille, de la justice et de l’état. Il est le gardien des relations sociales; lorsque l’homme est mort, il n’a plus à s’en occuper; mais la grande vigilante ne s’est point endormie, la ville de Paris est toujours là, l’œil aux aguets et sur le qui-vive. C’est elle qui écoute et recueille le premier vagissement des nouveau-nés; c’est elle qui, lorsque l’homme a traversé les affres de la vie et qu’il n’a plus laissé parmi nous qu’une dépouille périssable, prend ces pauvres restes, les entoure de respect et les conduit dans les vastes nécropoles qu’elle a disposées pour servir de dernière demeure à ses enfans.


MAXIME DU CAMP.