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vocation naturelle, spéciale et efficace. Le 25 novembre 1830, M. le comte de Montalivet, alors ministre de l’intérieur, le chargea d’aller parcourir, dans l’intérêt de l’étude et de la conservation des monumens historiques, les départemens de l’Oise, de la Marne, de l’Aisne, du Nord et du Pas-de-Calais, et le 10 août 1837 M. de Montalivet, redevenu ministre de l’intérieur, confirma et compléta cette mission en adressant à tous les préfets cette circulaire : « Le culte des souvenirs qui se rattachent à l’histoire des arts ou aux annales du pays est malheureusement trop négligé dans les départemens; on laisse en oubli des monumens précieux; on passe avec indifférence devant des vestiges qui attestent la grandeur des peuples de l’antiquité; on cherche en vain les murs qui ont vu naître les grands hommes dont s’honore la patrie ou les tombes qui ont recueilli leurs restes, et cependant tous ces débris vivans des temps qui ne sont plus font partie du patrimoine national et du trésor intellectuel de la France.... Il importe de mettre un terme à cette insouciance... Je vous invite à recueillir tous les documens propres à me faire connaître les anciens monumens qui existent dans votre département, l’époque de leur fondation, le caractère de leur architecture et les souvenirs historiques qui s’y rapportent... Le fruit de vos recherches sera soumis à une commission que je viens d’instituer, et je me ferai un plaisir de diriger les fonds dont je puis disposer vers les départemens qui auront le mieux apprécié l’importance de ce travail, »

On sent dans cette circulaire, dont M. Vitet fut probablement le rédacteur aussi bien que l’inspirateur, l’âme d’un patriote antiquaire et artiste qui porte à l’histoire et aux monumens historiques de son pays un intérêt aussi tendre qu’intelligent, et qui connaît la puissance des souvenirs. La bonne intention ne demeura pas inefficace; le 29 septembre 1837, la commission des monumens historiques fut nommée; elle se composa de sept membres, MM. le comte de Montesquiou, Vitet, Auguste Le Prévost, le baron Taylor, Caristie, Félix Duban et Mérimée, tous très compétens pour cette mission. Pour les mettre en mesure de l’accomplir en pleine connaissance de cause, M. Vitet avait déjà entrepris la visite des cinq départemens qu’en novembre 1830 M. de Montalivet lui avait spécialement désignés. « J’ai déjà parcouru, dit-il dans son premier rapport au ministre, les départemens de l’Oise, de la Marne, de l’Aisne, du Nord et du Pas-de-Calais. Comme le but de mon inspection n’était pas unique, et qu’indépendamment des monumens j’avais à visiter les bibliothèques, les musées, les écoles de dessin, je crois devoir, pour vous rendre compte avec plus de clarté de ce que j’ai vu, diviser ce rapport en quatre parties. Je parlerai : 1° des monumens, 2° des bibliothè-