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il avait été livré aux usines 6 millions 1/2 de mesures de charbon représentant plus de 1,300,000 toises de bois.

Après Reschitza, le centre le plus important des usines de la société est Steyerdorf. C’est à l’entrée de ce district qu’est situé le village de Krassova, d’origine bulgare, comme Steyerdorf est d’origine styrienne. Les usines créées sur le cours de l’Anina sont entourées d’habitations élevées par la société et louées à bas prix aux ouvriers ou construites quelquefois par eux-mêmes sur des terrains donnés gratuitement à ceux qui aspirent à devenir propriétaires ; dans ces conditions, la moralité, l’instruction, se développent rapidement. A Reschitza comme à Steyerdorf, le même système a donné les mêmes résultats; dans l’un et l’autre de ces deux centres, des hôpitaux et des écoles ont été fondés par la compagnie : le nombre de ces dernières est considérable; à Reschitza, on en compte cinq, une protestante, une du rite grec non uni, une du rite grec uni, deux catholiques. A l’Anina, les deux écoles catholiques ont chacune 200 élèves, à Franzdorf il y en a 130. Si la société bâtit des églises et des écoles, crée des hôpitaux, subventionne le service médical, construit des maisons pour les ouvriers, contribue dans une très forte proportion aux caisses de secours et de retraites fondées en partie avec des retenues de salaires, elle a aussi pensé aux employés et à la classe qu’on peut appeler la bourgeoisie de ses domaines : ainsi ont été ouvertes à ses frais dans plusieurs localités des sociétés de lecture ou des casinos, des sociétés philharmoniques, des compagnies de tireurs et des orphéons. En étendant son patronage sur toute la population, on peut dire avec raison qu’elle fait vivre non-seulement les 14,000 ouvriers qu’elle emploie directement, mais toutes leurs familles, qui forment un total de 60,000 individus de tout âge, les cultivateurs qui les alimentent, font les charrois et transportent les produits des usines, enfin les marchands et les industriels qui pourvoient aux besoins locaux, car il n’y en a pas d’autres à desservir. Depuis que la société est créée, on a constaté une grande hausse dans les salaires, qui ne s’élèvent encore pourtant pour les hommes qu’à 70 ou 90 centièmes de florin par jour, soit à peine 2 francs en moyenne au cours actuel du florin (2 fr. 30 cent.), — pour les femmes à 1 fr. 25, pour les enfans à 80 centimes. Par contre, le prix du blé s’est maintenu de 5 fr. 65 cent, à 7 fr. 54 cent, l’hectolitre, — la livre de bœuf à 35 ou 45 centimes, la pomme de terre de 6 fr. à 8 fr. l’hectolitre, le quintal de porc à 87 francs. Pour les producteurs, ces prix représentent un rendement en progrès; pour les consommateurs, ils n’égalent pas la hausse des salaires. Outre les districts de Reschitza et d’Oravitza, reliés à la ligne de Pesth-Temeswar-Bazias par deux embranchemens, dont le premier part de Votjek pour se rendre à Reschitza, et le second, tout à fait au sud, commence à Jassenowa pour remonter