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LA
MÉTÉOROLOGIE SYNOPTIQUE
ET LA PRÉVISION DU TEMPS


I.

La météorologie n’a pas été jusqu’à ce jour, de la part du public, l’objet d’une faveur exagérée. En butte aux sarcasmes de quelques-uns et à l’indifférence dédaigneuse du plus grand nombre, elle a eu la mauvaise fortune de fournir au langage courant quelques locutions proverbiales qui témoignent de la mince considération dont elle est entourée. Parler de la pluie et du beau temps signifie en bon français parler pour ne rien dire, et, lorsqu’entre gens sérieux la conversation prend une tournure « météorologique, » on croit pouvoir en conclure que les interlocuteurs ont des raisons particulières d’éviter les sujets dignes d’intérêt et de se renfermer dans des banalités peu compromettantes. Déjà le coup de grâce semblait avoir été donné à cette science infortunée lorsqu’il y a quelques années, en pleine Académie des Sciences, deux illustres physiciens avaient exécuté sur elle une charge à fond, dénigré ses méthodes, affirmé l’inanité de ses doctrines et condamné ses investigations à une éternelle stérilité. La météorologie semblait devoir aller rejoindre dans le musée des sciences mortes la magie et l’astrologie judiciaire, lorsque de nouvelles perspectives s’ouvrirent devant elle, et la maladie, condamnée par les docteurs, s’élança pleine d’une ardeur juvénile dans une voie aussi féconde qu’inattendue.

Cette défaveur générale, il faut bien l’avouer, avait sa raison d’être. La grande majorité du public n’estime une science qu’en raison des résultats matériels auxquels elle conduit, elle juge l’arbre par ses fruits. La considération universelle qui, à notre époque, s’attache aux sciences en général est le prix des incontestables bienfaits dont elles ont doté l’humanité; tel qui ignore même les noms