les sessions d’états-généraux, surtout lorsqu’une longue lacune avait précédé leur réunion. Il paraissait alors une multitude d’écrits rappelant les anciennes formes, mais aucun ne nous présente un résumé fidèle et complet des élections de députés depuis les premiers états. A côté de documens authentiques, il y avait un plus grand nombre de pièces publiées à l’appui d’une prétention spéciale. Aussi l’histoire ne doit-elle pas puiser indifféremment à une telle source ; elle peut tout au plus y trouver les élémens d’un tableau d’ensemble. Nous devons recueillir ici les traits épars qui peuvent peindre la suite de ces élections, si dissemblables à l’origine des états-généraux, montrer les différens systèmes et les modifications qu’ils ont subies, et, sans aller jusqu’en 1789, indiquer les principes généraux qui réglaient du XIVe au XVIIe siècle le choix des députés des provinces.
Tout d’abord devons-nous fixer en 1302 les plus anciennes élections, et faut-il admettre que les premiers députés fussent ces représentans des bonnes villes qui, en prenant place auprès des prélats et des nobles, constituèrent l’assemblée des trois états de France ? Pour le troisième ordre, la réponse ne saurait être douteuse, puisque avant Philippe-le-Bel il n’avait jamais siégé dans aucune assemblée d’états. Si des envoyés des villes étaient venus auprès du roi, leur mission, réduite à un objet spécial, leur était conférée par une délibération de l’échevinage, mais nullement par voie d’élection publique. La noblesse connaissait encore moins le système des délégations. C’est dans l’ordre du clergé, à l’ombre des monastères, parmi ces communautés nombreuses et puissantes avec lesquelles il fallait compter au XIIIe siècle, que se sont en réalité produites les premières élections politiques. La constitution même de l’église, ses conciles, les formes primitives qui réglaient le choix des évêques, tout cet ensemble de faits fondés sur une vaste hiérarchie sortie de l’élection devaient préparer naturellement le libre choix des députés ecclésiastiques. Les monastères, possédant des terres considérables d’où dépendaient parfois des villes entières, étaient régulièrement convoqués par l’intermédiaire du bailli, qui leur adressait les lettres royales. Accoutumées à élire leurs supérieurs, les abbayes recouraient tout naturellement à une désignation semblable pour le représentant auprès du roi. L’élection avait lieu dans la grande salle du monastère, en présence de témoins ou d’un notaire appelés pour lui donner une plus grande solennité. Tantôt les religieux déléguaient leur abbé et les chanoines le doyen du chapitre, tantôt ils choisissaient de simples moines, il leur arrivait parfois de prendre