Richer de Belleval le jardin des plantes de Montpellier, et à Jean Robin, de Paris, simpliciste royal, des embryons de jardins-fleuristes où le brodeur du roi Vallet cherchait des modèles pour les broderies des habits de cour. Bien plus précieux pour l’étude botanique, le jardin de Gaston d’Orléans, à Blois, étonnait et charmait les contemporains, tandis que la grande Histoire des Plantes de Morison et les beaux dessins de Nicolas Robert lui faisaient des titres permanens à l’admiration de la postérité. L’Allemagne, de son côté, s’illustrait dans cette voie par le jardin princier et épiscopal d’Eichstaedt, en Bavière (hortus Eystettentis), et par les jardins académiques de Leipzig et de Nuremberg. Mais le pays qui devait durant deux siècles rester le centre de la culture des fleurs, c’était justement le plus pauvre en élémens de pittoresque, le sol plat et en partie sablonneux vaillamment disputé par ses habitans à la mer toujours menaçante, doublement conquis et sur l’Océan et sur l’Espagnol par le génie du travail de la liberté. C’est dans cette terre de grenouilles, comme l’appelait dédaigneusement Louis XIV, que les richesses des colonies récemment arrachées aux Portugais se versaient par la voie du commerce, et faisaient naître avec l’aisance générale le goût des plaisirs nobles et élevés. A peine séparée de la Flandre et du Brabant, où le XVIe siècle avait produit deux grands botanistes, Dodoens et Mathias de l’Obel, la Hollande trouvait en Charles de l’Escluse (Clusius) d’Arras un des directeurs de son jardin de Leyde, et profitait des trésors d’érudition, d’expérience et de savoir de ce patriarche de la botanique, que ses voyages et son immense correspondance mettaient en rapport avec les savans et les amateurs de plantes du monde entier. De là le caractère à la fois scientifique et populaire de l’horticulture en Hollande. La fureur des tulipes n’en fut qu’un épisode transitoire où l’agiotage entra plus que l’amour des fleurs, car, à côté de ces maniaques collectionneurs se pâmant sur la strie rouge ou rose d’un pétale, il y eut dans le pays des Hermann, des van Rheede, des Rumphius, des Commelin, des Cliffort, des Burmann et des Boerhaave, un courant continu de science dont le monde entier profita. C’est en Hollande que les serres s’élevèrent pour abriter les plantes du cap de Bonne-Espérance, puis celles de la Guyane et de l’Inde : c’est par le jardin d’Amsterdam que le caféier fit sa première entrée en Europe (1600), et se répandit ensuite dans les régions tropicales des deux continens.
Sans poursuivre plus avant cette esquisse des vicissitudes de l’horticulture, constatons en bloc le degré d’avancement que cet art semble avoir atteint de nos jours dans les principaux pays de l’Europe. Deux pays tiennent sans conteste le premier rang dans l’horticulture