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pouvait craindre d’avoir à répéter à cette occasion le fameux Itali’a fara da se, et cette fois, il faut l’avouer à notre honte, la France l’a peu aidée. La Belgique et la Hollande seules ont payé en belles plantes leur contingent d’internationalité; l’Angleterre, la France, l’Allemagne, n’ont figuré que pour la forme; bref, le caractère international de la réunion, peu marqué dans l’exposition des fleurs, ne s’est bien dessiné que dans le congrès botanique, auquel plus de deux cents naturalistes sont accourus de tous les points de l’Europe et même des lointains continens. Ce contraste s’explique aisément, si l’on songe d’une part à la facilité de locomotion pour les hommes, à l’attrait séduisant du pays, d’autre part aux difficultés de transporter sans dommage à grande distance des spécimens de plantes dont les dimensions augmentent singulièrement le prix.

Heureusement, même avec ce déficit inévitable dans le contingent de grands spécimens venus du dehors, le pavillon du Mercato Nuovo n’écrasait pas de ses vastes dimensions les groupes d’arbustes et de fleurs abrités sous son toit. Un large bassin à jet d’eau dans le centre, des pavillons élégans servant de serre aux plantes délicates, une rocaille décorée de fougères et de plantes à beau feuillage, puis des massifs où les frondes des palmiers, des fougères, des cycadées, se détachaient du fond plus compacte des arbustes et des plantes variées, çà et là des corbeilles de fleurs brillantes, tulipes de Hollande, azalées de l’Inde, géranium, ou des groupes étranges de plantes grasses, voilà pour l’ensemble du coup d’œil à l’intérieur. C’était l’aspect d’un immense jardin d’hiver avec ses larges promenoirs laissant librement circuler la foule, quelque chose du salon mondain dans lequel l’œil du botaniste savait pourtant retrouver l’élément scientifique dissimulé sous ce brillant apparat. En dehors même du corps principal du bâtiment, des massifs d’arbustes verts, des corbeilles de plantes variées lui faisaient comme une riche ceinture; enfin des pièces annexes, toutes de plain-pied, recevaient les spécimens peu nombreux de fruits, les collections très remarquables de bois, le matériel varié de l’apiculture, les meubles et vases de jardin, en un mot tous les accessoires habituels que comporte une exposition horticole[1].

Mille raisons me défendent de hasarder un jugement sur le détail

  1. Parmi ces annexes, une des plus intéressantes assurément, sinon la plus en vue, était la collection de coupes des tiges et rameaux d’un groupe de sapindacées (serjania et genres voisins), plantes ayant le port de lianes et présentant les plus remarquables anomalies de structure. Un grand nombre de ces coupes, réunies sur un même plan et placées sous un même verre grossissant, se présentaient ainsi toutes à la fois à l’œil du public curieux. Ces objets si bien préparés, et exposés par M. Radikofer, de Munich, n’étaient du reste que les pièces à l’appui d’un savant travail que ce professeur a communiqué au congrès.