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Ce n’est pas, on le sait, dans les réunions publiques que se font ou se révèlent les découvertes importantes; la tribune d’un congrès est tout autre chose qu’un laboratoire d’idées, c’est trop souvent un théâtre ouvert à de petites vanités; mais, ces défauts reconnus, restent tout entiers les avantages : échange de connaissances sur des sujets variés, discussion parfois élevée des questions à l’ordre du jour, contact personnel d’hommes qui ne se connaissaient que de loin et se retrouvent avec bonheur dans ces rendez-vous successifs, causeries entre pairs sur des objets d’études communes, occasion de consulter les musées, de parcourir la campagne sous la direction des savans du lieu qui peuvent en quelques heures vous donner le fruit des recherches de plusieurs siècles sur la flore ou la faune du pays, il n’est pas jusqu’aux fêtes mondaines qui ne jouent entre les séances de travail le rôle d’agréables intermèdes, jetant entre les amateurs et les travailleurs officiels ce pont de la bonne grâce mutuelle qui n’est pas ouvert tous les jours même entre gens qui se coudoient dans la même ville, à plus forte raison entre étrangers enfermés dans leurs préjugés de race et leur amour-propre national. Qu’on le veuille ou non du reste, la science est sortie des sanctuaires, elle doit vivre dans le monde, non pour lui emprunter sa frivolité, mais pour lui infuser de son sérieux. Le temps n’est pas loin où notre Académie des Sciences s’effarouchait comme d’une innovation dangereuse de la publication hebdomadaire de ses séances; il semblait aux plus timorés que la science perdait de sa dignité en se distribuant au jour le jour au public, et pourtant l’épreuve n’a pas justifié ces craintes, et malgré le danger réel de la production trop fiévreuse sous l’aiguillon d’une publicité hâtive, ce danger, auquel échappent les travailleurs sérieux, est largement compensé par les avantages de la diffusion lente, mais sûre, des connaissances positives dans une société naguère encore presque étrangère au mouvement du monde scientifique.

Il ne s’agit pas du reste de plaider ici la cause des congrès scientifiques en général; cette cause est gagnée par le succès même de cette forme de l’activité moderne : l’essentiel est que les vrais savans tiennent la tête du mouvement, et qu’au lieu de le laisser dégénérer en charlatanisme bavard et vaniteux, ils s’en servent pour propager dans le monde les saines méthodes et la haute curiosité. C’est là le rôle des grandes associations dites pour l’avancement des sciences. Plus limités dans leur objet, d’autres congrès périodiques s’adressent à un public spécial mieux préparé par des études antérieures à suivre les discussions sur des points définis d’une science. C’est dans cette catégorie que se range le congrès botanique de Florence. Les amateurs mêmes y comprenaient, en partie au moins,