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de l’abdomen, rhumatismes, foulures, panaris, etc. Le docteur Gilchrist indique la manière de tâter le pouls à ses cliens (derrière l’oreille) et de les saigner, et décrit le genre de trousse et de pharmacie de campagne qu’un vétérinaire d’éléphans doit emporter avec soi. Il traite également de l’hygiène de l’éléphant, des moyens de le maintenir en bonne santé en campagne et d’éviter les accidens. L’éléphant a le pied délicat, et la nature de ce pied ne permet pas de le défendre d’une façon artificielle, comme on fait pour le cheval. On a essayé de lui faire porter des bottes de cuir avec semelles en fer; mais sa marche en était gênée. On se borne à veiller à ce que les chemins suivis par l’animal ne soient pas mauvais, par accident ou par artifice de l’ennemi. On évite également de le faire passer par des clairières où des souches sortant de terre d’un pouce ou deux pourraient blesser la plante de ses pieds. On se garde aussi des fondrières où les éléphans pourraient, lourdement chargés comme ils sont, se fouler le pied ou se briser la jambe. Quand ils ont à fournir de longues marches sur un sol pierreux, on leur enduit la plante des pieds d’un onguent qui lui donne de la dureté. Il faut avoir un soin égal du dos de l’éléphant, prendre garde que le harnais ne le blesse et surtout ne reste humide sur son dos. Si sa tête demeure trop longtemps exposée aux rayons d’un soleil brûlant, il peut gagner une inflammation du cerveau ou une ophthalmie. M. Rousselet raconte que pour la marche au soleil on enduit la tête des éléphans de graisse, et le docteur Gilchrist recommande dans les haltes de les établir à l’ombre, quoique dans un endroit aéré : après une marche, il ne faut ni les laver, ni les faire baigner tant qu’ils ne sont pas naturellement refroidis. M. Gilchrist entre aussi dans les détails de la nourriture habituelle des éléphans : l’eau est pour eux une nécessité impérieuse; ils pourraient difficilement s’en passer plus de vingt-quatre heures; ils la veulent pure et claire. Pour garder l’animal en bonne santé, il est nécessaire de le faire baigner souvent[1]. Il existe à Honsoor un hôpital spécial pour les éléphans et les chameaux de l’armée britannique. Pendant les premiers temps que le service des éléphans était organisé, les animaux étaient souvent malades et forcés d’entrer à l’hospice. On s’aperçut que ces maladies étaient, la plupart du temps, causées par le manque de soins nécessaires, et on arrêta que les mahouts seraient mis en demi-solde aussi longtemps que leurs animaux seraient en traitement à

  1. Voici ce que dit de son côté M. Rousselet : « L’animal doit toujours être placé à l’ombre d’un arbre au feuillage épais, et sur un terrain sec, sans litière. Une simple corde attachée à une des jambes de derrière et retenue à un piquet suffit pour l’entraver; un animal si docile ne cherchera jamais à rompre ce faible lien. Matin et soir, il faut le baigner, et avant qu’il se mette en marche lui graisser le front, les oreilles, les pieds et toutes les parties susceptibles de se fendre sous l’influence du soleil. »