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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 4.djvu/506

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posaient sur une longue pièce d’appui large de 8 pouces et épaisse d’autant, qui à son tour était retenue au flanc du navire par des taquets longs de 1 pied 2 pouces et larges de 7 pouces, placés à distance de 5 pieds 5 pouces le long du flanc du navire. Les traverses dont nous parlons étaient soutenues par un solide montant placé au centre du navire pour empêcher les éléphans de les déplacer ou de les endommager en pressant contre elles. Cela dit du logement, voici quelle était la ration journalière d’un éléphant[1] :


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Fèves 4 livres (1,800 grammes).
Riz ou farine 20 livres (9 kilogrammes).
Sel 2 onces 1/2 (70 grammes).
Foin 175 livres (80 kilogrammes).
Eau 40 gallons (180 litres).

On remarque la quantité considérable d’eau nécessaire à l’éléphant. Tandis que la ration d’eau était de 40 gallons pour l’éléphant, elle était de 5 gallons pour les mulets, de 6 pour les bœufs et les chevaux et de 8 pour les chameaux. Les navires qui transportaient l’expédition étaient pour la plupart munis de condensateurs destinés à faire de l’eau douce avec de l’eau de mer. À terre, la ration de l’éléphant fut de 175 livres de foin, 25 de farine, 2 onces 1/2 de sel et 15 livres de bois vert. L’éléphant aime les feuilles et l’écorce des arbres, et à l’état de liberté c’est sa seule nourriture[2].

Les éléphans partirent en deux convois : le premier débarqua à Zula en janvier 1868, le second un peu plus tard. Pendant toute la campagne, ils furent un objet de grande curiosité pour les indigènes.

  1. La livre anglaise vaut 453 grammes, le gallon 4 litres 1/2.
  2. M. Rousselet donne les détails suivans sur la nourriture de l’éléphant que le maharajah de Rewah lui avait prêté comme monture. « La ration quotidienne d’un éléphant en marche se compose de 20 à 25 livres de farine de blé, que l’on pétrit avec de l’eau en y ajoutant 1 livre de ghi ou beurre clarifié et 1/2 livre de gros sel. On en fait des galettes de 1 livre chacune que l’on cuit simplement sur un plateau de fer et que l’on distribue en deux repas à l’animal. Cette ration est absolument indispensable pour que l’éléphant ne dépérisse pas, lorsqu’il a tous les jours à faire de longues marches ; mais, pour qu’elle lui soit réellement donnée, le voyageur doit assister à ses repas, sans cela le mahout et sa famille ne se font aucun scrupule de prélever dessus leur propre nourriture. Ces galettes de farine fournissent à l’éléphant ses repas réguliers, mais cela est loin de lui suffire, et dans les intervalles il absorbe une quantité de nourriture bien en rapport avec son énorme volume. Cet appoint lui est fourni par les branches de plusieurs arbres, principalement le bàr, ficus indica, et le pipul, ficus religiosa. On le conduit à la jungle, où il choisit et cueille lui-même les branchages à sa convenance. Il ne les mange pas sur place, mais charge sur son dos la provision nécessaire à la journée et la rapporte au camp. Il rejette les feuilles et le bois et ne mange que l’écorce : c’est un spectacle curieux de voir avec quelle dextérité il enlève d’un seul coup, avec le doigt qui est au bout de sa trompe, l’écorce entière d’une branche, quelque petite qu’elle soit. »