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Gueldre, élevé au rang de duché par l’empereur Louis IV, et enfin le pays libre des Frisons, comprenant aussi la Groningue. Plus tard se constituèrent huit provinces séparées, ayant chacune des institutions spéciales, ses états, ses coutumes, son stathouder ou gouverneur nommé par le prince. C’étaient la Hollande, la Zélande, Utrecht, la Gueldre, l’Overyssel, la Drenthe, la Frise et la Groningue. La Hollande comprenait la West-Frise, c’est-à-dire la presqu’île au-delà de l’Y, qui devait être séparée du reste de la contrée des Frisons lors de la formation du Zuiderzée. Les dix-sept provinces réunies sous l’autorité des ducs de Bourgogne ne formaient pas un état unitaire, il n’y avait entre elles qu’une union personnelle comme celle qui réunissait d’abord les pays de la couronne d’Autriche, de France ou d’Espagne. Seule l’Angleterre a été de bonne heure unifiée par la conquête, et c’est une des causes qui l’ont fait arriver avant les autres pays à la liberté constitutionnelle. Obéissant aux inspirations des juristes, qui avaient pour idéal l’unité de l’empire romain, les maîtres de la Bourgogne, et principalement Charles-Quint, s’efforcèrent de fusionner, par des institutions et des lois communes, les différentes parties des Pays-Bas, sans cependant supprimer l’autonomie provinciale. La création du grand-conseil de Malines, du conseil d’état, la publication d’édits ou placards ayant force de loi partout, et surtout la réunion fréquente des états-généraux, conduisaient à ce but.

Les états-généraux furent convoqués pour la première fois en 1465 par Philippe le Bon, pour obtenir des subsides que la guerre avec la France rendait indispensables. Sous Marie de Bourgogne et sous Maximilien surtout, les états se réunissent souvent. Ils ne se contentent pas d’accorder l’argent qu’on leur demande, ils défendent les privilèges du pays; ils concourent avec le prince à faire les lois et les règlemens, et à décider les grandes questions d’intérêt public. Ils arrachent même à Marie, en 1477, une sorte de statut constitutionnel, une magna charta comme celle d’Angleterre, appelée het groot privilegie. Tous les droits et les libertés des villes sont confirmés ou rétablis, aucun emploi ne peut être confié à un étranger, aucun impôt ne peut être levé ni aucune guerre déclarée sans le consentement des états, qui ont le droit de se réunir quand et où ils le veulent. Sous Charles-Quint et même sous Philippe II,