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suivante, pareille société s’organisait à Londres. Dans toutes les directions s’établirent des succursales que la propagande des brochures étendit rapidement. En 1843, pour toucher plus vite à notre époque, un congrès formé des délégués de la Société de la paix se tenait à Londres, sous la présidence de M. Charles Hindley. Il fut décidé qu’une adresse serait envoyée à tous les gouvernemens civilisés pour les inviter à introduire dans leurs traités de paix ou d’alliance une clause par laquelle ils s’engageraient, en cas de dissentiment, à accepter la médiation d’une ou de plusieurs puissances amies. Cette adresse fut présentée au roi Louis-Philippe, qui répondit aux délégués : « La paix est le besoin de tous les peuples, et, grâce à Dieu, la guerre coûte beaucoup trop aujourd’hui pour qu’on s’y engage souvent, et je suis persuadé que le jour viendra où, dans le monde civilisé, on ne la fera plus. » Au mois de janvier 1848, M. Beckwith, secrétaire de la Société centrale de la paix d’Amérique, présentait la même adresse au président des États-Unis. Celui-ci fit observer que les gouvernemens populaires étaient portés à la paix par leur tendance naturelle. « Que le peuple soit instruit, dit-il, qu’il jouisse de ses droits, et il demandera la paix comme indispensable à sa prospérité. » De 1848 à 1851, quatre congrès furent successivement tenus à Bruxelles, à Paris, à Francfort et à Londres. Le plus important fut celui qui s’ouvrit à Londres en 1851, pendant l’exposition universelle. On y voyait figurer des membres du parlement britannique, plusieurs membres de l’assemblée législative et du conseil d’état de France, six corporations religieuses, deux corporations municipales, trente et un délégués des sociétés de paix d’Amérique. À peine la vaste salle d’Exeter-Hall pouvait-elle contenir tous les auditeurs. Des résolutions importantes y furent adoptées ; elles proclamaient qu’il est du devoir de tous les ministres des cultes, des instituteurs de la jeunesse, des écrivains et des publicistes, d’employer toute leur influence à propager les principes de paix, et à déraciner du cœur des hommes les haines héréditaires, les jalousies politiques et commerciales, qui ont été la source de tant de guerres désastreuses. En cas de différends, les gouvernemens devaient se soumettre à l’arbitrage de juges compétens et impartiaux ; mais le congrès s’élevait surtout contre les armemens : « les armées permanentes, disait-il, qui, au milieu des démonstrations de paix et d’amitié, placent les différens peuples en un état continuel d’inquiétude et d’irritation, ont été la cause de guerres injustes, de souffrances des populations, d’embarras dans les finances des états ; le congrès insiste sur la nécessité d’entrer dans la voie du désarmement. »

La propagande ne ralentit point sa marche. Elle étendit sans